1857.03.20.A l'Anglo-French Steam Ship Cy.Londres
Origine : Copie de lettres à la presse n°94 - du 27 février 1857 au 23 mars 1857
Paris, le 20 mars 1857
Messieurs les directeurs de la Compagnie anglo-française
de bateaux à vapeur de Grimsby
Réunis le 24 courant
à Londres
Dans le meeting général, tenu le 7 courant, à Grimsby, vous avez résolu que M. Grandchamp et moi serions priés de peser de nouveau la détermination que nous avions prise de ne pas renouveler l'affrètement des steamers "Eugénie" et "Victoria".
En ce qui concerne ce dernier steamer, je n'ai pas à m'en occuper, c'est à M. Grandchamp de s'en entendre avec vous.
Quant au steamer "Eugénie", je ne puis pour le moment que maintenir ma décision de ne plus l'employer, non seulement parce que le faible tonnage de ce navire et les conditions de charte-partie me rendent son emploi trop onéreux, mais, parce qu'en ce moment, je n'ai pas besoin de l'utiliser.
Par suite de mes démarches incessantes, divers projets de lignes de navigation sont à l'étude, diverses propositions me sont faites, et il est possible et même probable qu'avant longtemps, je serai en mesure de trouver emploi de plusieurs steamers de la Compagnie, même de ceux qui, comme "Eugénie", "Victoria" et "Napoléon", sont par leur faible tonnage les moins avantageux.
Mais je ne puis et ne veux m'engager envers la Compagnie avant d'avoir terminé moi-même des arrangements qui m'assurent un emploi convenable de ces steamers.
Quant aux deux gros navires, "Yarborough" et "Grimsby", ils sont installés pour passagers et marchandises générales, et non pour le trafic du charbon, et d'ailleurs ils ont été payés beaucoup trop cher. Je ne puis donc pas, en ce moment du moins, et sans les avoir examinés, songer à les employer. Je serai heureux d'apprendre que la Compagnie en a trouvé par ailleurs un emploi avantageux.
Sans que j'entre ici dans de longs détails, la Compagnie doit enfin s'apercevoir et comprendre que, depuis un an, mes amis et moi, et moi particulièrement, nous avons seuls agi et fait quelque chose dans l'intérêt de la Compagnie que personne autre que nous n'a rien fait encore.
Que le résultat de nos efforts a été pour nous, et pour moi en particulier, une perte énorme, et que les dividendes payés aux actionnaires sont sortis de notre caisse, à nous, intéressés de France.
Et, quand pour des choses peu importantes au fond, nous avons élevé quelque réclamation ou demandé quelque adoucissement, nous n'avons trouvé que raideur et refus.
Cet état de choses doit finir, et, pour ma part, je suis bien décidé à ne plus continuer le rôle que j'ai joué jusqu'à ce jour, soit de sacrifier mon intérêt à celui de la Compagnie.
Je continue et continuerai mes efforts pour employer ses steamers, mais, je ne le ferai que quand je le pourrai, et quand je le pourrai dans des conditions avantageuses pour moi et non pour la Compagnie seule.
Veuillez...