1853.03.18.A John Todd.Sunderland
Paris, le 18 mars 1853
Monsieur John Todd
Lambton Office - Sunderland
Monsieur,
Lorsque j'ai eu le plaisir de vous voir, je devais vous donner une réponse pour l'emploi de votre hélice (screw) à Rouen. Mais j'appris à Newcastle que déjà le charbon belge, protégé par la hausse du charbon anglais et surtout la hausse du fret, prenait à Rouen la place du charbon anglais et se vendait à des prix qui laisseraient une grande perte au charbon Lambton importé par hélice. Je ne vous ai pas écrit par cette raison.
Aujourd'hui, j'ai vu M. Heemskerke ; nous avons causé longuement et sommes convenus qu'il n'y a rien de possible à Rouen, mais que Bordeaux offre de grands avantages, et pour le débouché de vos charbons, et pour l'emploi des hélices.
Nous sommes aussi tombés d'accord que je vous ferai les propositions suivantes.
Je vous demande de mettre de suite à ma disposition votre bateau à hélice pour un ou deux voyages sur Bordeaux.
Je vous paierai le fret de ces voyages à raison de £ 12 par keel, escompte 2 %, ce qui est le fret commun à peu près.
Vous me donnerez la note exacte des dépenses de toute nature occasionnées pour ces voyages, et je pourrai mettre à bord un mécanicien à moi, qui, pendant les voyages surveillera, la marche et le travail des machines et pourra me rendre compte de tout.
Après ces deux voyages, ayant déjà acquis une certaine expérience de ces navires à hélice, je vous achèterai le vôtre, ou bien, si vous le préférez, nous continuerons à le faire naviguer en compte à demi, avec du charbon de vos mines, dont je vous assurerai le placement à l'avance, au prix de mon contrat avec vous. Ce n'est pas une spéculation pour moi que ces deux voyages mais je suis convaincu que l'hélice doit remplacer la voile dans nos affaires charbon, et avant de construire et dépenser des milliers de Livres, je veux expérimenter.
Si je m'entends avec vous, comme je l'espère, je vous assurerai de grands débouchés à Nantes ou à Bordeaux.
Recevez Monsieur, mes sincères salutations.