1849.07.24.A John Carr et Cie.Newcastle
Origine : Copie de lettres à la presse n°7 - du 14 juillet 1849 au 16 septembre 1849 - page 411
Paris, le 24 juillet 1849
Messieurs John Carr & Cie
à Newcastle-on-Tyne
En vous confirmant ma lettre du 17 courant, j'ai l'honneur de vous remettre :
Le compte de vente au navire 'Thomas', soldant par une perte totale de F 256,95 pour la moitié de laquelle je vous débite de £ 5.0.9 d à 25,50 = 128 F 46 ½.
Ce navire a donné 743 Ks de déficit, tandis que si j'avais eu 22 tonneaux français au keel, j'aurais eu une bonification de 5 250 Ks, ce qui constitue une différence de plus en moins de 6 tonnes, soit une valeur de F 150. Or, mes concurrents ont cette bonification.
Le compte de vente du navire 'Union Packett', soldant par une perte totale de F 205,53 pour la moitié de laquelle je vous débite de : £ 4.0.6 d à 25,50 = 102,66 c ½. Ce navire a donné soit par déficit réel soit par déficit de mauvaise qualité 5 552 K de moins que le poids légal anglais. Si j'avais 22 tonnes par keel et qu'il ne se fût pas trouvé de charbon rebutable, j'aurais dû avoir 4 500 K de boni, ce qui constitue une différence du plus en moins de 10 tonnes, soit une valeur de F 250. Or, encore mes concurrents ont cette bonification.
Il m'est vraiment pénible, Messieurs, de revenir sur ces déficits, mais vous le voyez, c'est eux seuls qui forment la perte de ces 2 navires et il entre vraiment dans vos intérêts d'y remédier au plus tôt.
Je dis qu'il y va de vos intérêts à remédier à cet état de choses et je le prouve : vous comprendrez qu'en produisant vos charbons dans toute la vallée et à Rouen, je froisse deux intérêts d'abord, celui des négociants français dont je viens prendre la place vis-à-vis de leurs acheteurs, ensuite, celui des propriétaires des mines qui ne trouvent pas l'écoulement de leurs charbons là où ils avaient l'habitude de l'écouler puisque ce sont les vôtres qui les remplacent. Eh bien ! Vous devez croire que les négociants français, pas plus que les propriétaires de mines ne sont disposés à se voir enlever les uns leurs rapports, les autres leur écoulement de charbon, sans lutter, sans se défendre et en conséquence, reconnaissant qu'ils doivent tous se tenir étroitement liés pour sauvegarder leurs intérêts, ils se vouent à des sacrifices. Ainsi, non seulement ils me suivent dans mes prix de ventes, mais encore trouvent-ils le moyen de ne pas perdre quand je perds ou de perdre moins que je ne perds. La chose leur est facile elle gît tout simplement :
1° dans les bas prix auxquels vendent les mines.
2° dans le délai qu'elles accordent, évitant ainsi à l'acheteur l'intérêt d'un capital assez important.
3° dans les fortes mesures qu'elles donnent et dans le tri qu'elles font des charbons, évitant ainsi, et les déficits que produisent les charbons menus et les déficits généraux sur les navires dont je suis accablé depuis que j'ai commencé des affaires avec vous.
Ces trois motifs placent évidemment mes concurrents dans une meilleure position que vous ne me placez, puisqu'ils sont tirés des sacrifices que savent s'imposer vos concurrents des mines et que pour votre part, vous ne voulez pas vous imposer, tandis que mes concurrents d'ici n'ont pas à s'imposer les sacrifices que je n'impose pour pouvoir aller de pair avec eux. Je vous affirme, Messieurs, que les mines de Ravenswhort et de Davidson envoient dans ce moment à Dieppe des charbons de toute beauté comme qualité et comme grosseur et de plus, elles chargent les navires de telle sorte qu'alors que leurs commettants trouvent de gros bonis, moi je trouve de gros déficits. Là est tout le mystère, car je les défierais bien de me suivre si j'étais traité par vous comme ils sont traités par leurs correspondants.
Et ne croyez pas que je trouve des déficits sur vos navires par le fait que vous les expédiez sur Dieppe où vous croyez que le travail se fait mal. Je vous répéterai que c'est à Dieppe seulement où le travail se fait bien. Et d'ailleurs est-ce que mes concurrents ne reçoivent pas, eux aussi, à Dieppe ? Comment donc se ferait-il que le travail se fît bien dans ce port pour eux puisque les rendements de leurs navires sont bons, tandis qu'il se ferait mal pour moi qui ai toujours de mauvais rendements ? Non là n'est pas le vice. Le vice existe ou dans vos charbons qui sont trop légers, ou dans vos chaldrons qui sont trop petits, ou bien, parce qu'on ne met pas dans le navire le nombre de chaldrons exprimés en la facture. Dans les 2 premiers cas, vous devriez donner tant pour cent pour compléter le poids ou la mesure ordinaire ; dans le 3ème cas, vous devriez mettre quelqu'un pour reconnaître exactement les chaldrons à l'embarquement. Ensuite n'établissez donc aucune comparaison entre la manière dont se fait le métier, entre Dieppe, la Vallée et Rouen, et celle dont se fait le métier au Havre. Pour le 1er parcours, si la reconnaissance des navires se fait exactement, la livraison aux acheteurs se fait non moins exactement. Au Havre, au contraire, la réception aux navires se fait fort mal, mais aussi les livraisons aux acheteurs se font tout aussi mal. C'est ce qui vous explique pourquoi le même navire rend positivement mal à Dieppe où la réception se fait bien, tandis qu'il sera censé rendre bien au Havre où la réception se fait mal.
C'est en raison de ces différences dans le métier que, si j'ai à vous remettre des comptes de vente pour Le Havre, vous les trouverez différents aux comptes de vente que je vous remets pour Dieppe.
Je soumets ces observations à vos lumières, je vous les donne comme très sérieuses, très positives et j'espère que vous saurez redresser tout ce qu'il y a de mal aujourd'hui dans nos rapports.
M. Pring, dont vous avez su l'absence de Newcastle, vous a laissé des ordres pour quatre navires. Hier, je lui ai donné des instructions pour qu'il vous en commande 15 autres, au total 19 navires. Je suis excessivement pressé :
1° du navire Cowpen-HartIey de 6 à 7 keels, à m'expédier directement à Rouen.
2° d'un navire Cowpen-HartIey, de 10, 12 ou 14 keels s'il le faut, pour Dieppe.
3° d'un navire Seaton-Sluice (New-Hartley) n'importe le tonnage 10, 15, 16 keels, à m'expédier au Havre.
Vous prendrez bien entendu ces navires sur les 19 demandés par M. Pring et vous continuerez à exécuter les ordres de ce dernier qu'il vous fera passer de chez lui pour le restant des 19 navires. Je compte, Messieurs, que vous fréterez bien, j'ai besoin de toute l'économie possible.
Agréez, Messieurs, mes salutations bien sincères.
Le compte de vente au navire 'Thomas', soldant par une perte totale de F 256,95 pour la moitié de laquelle je vous débite de £ 5.0.9 d à 25,50 = 128 F 46 ½.
Ce navire a donné 743 Ks de déficit, tandis que si j'avais eu 22 tonneaux français au keel, j'aurais eu une bonification de 5 250 Ks, ce qui constitue une différence de plus en moins de 6 tonnes, soit une valeur de F 150. Or, mes concurrents ont cette bonification.
Le compte de vente du navire 'Union Packett', soldant par une perte totale de F 205,53 pour la moitié de laquelle je vous débite de : £ 4.0.6 d à 25,50 = 102,66 c ½. Ce navire a donné soit par déficit réel soit par déficit de mauvaise qualité 5 552 K de moins que le poids légal anglais. Si j'avais 22 tonnes par keel et qu'il ne se fût pas trouvé de charbon rebutable, j'aurais dû avoir 4 500 K de boni, ce qui constitue une différence du plus en moins de 10 tonnes, soit une valeur de F 250. Or, encore mes concurrents ont cette bonification.
Il m'est vraiment pénible, Messieurs, de revenir sur ces déficits, mais vous le voyez, c'est eux seuls qui forment la perte de ces 2 navires et il entre vraiment dans vos intérêts d'y remédier au plus tôt.
Je dis qu'il y va de vos intérêts à remédier à cet état de choses et je le prouve : vous comprendrez qu'en produisant vos charbons dans toute la vallée et à Rouen, je froisse deux intérêts d'abord, celui des négociants français dont je viens prendre la place vis-à-vis de leurs acheteurs, ensuite, celui des propriétaires des mines qui ne trouvent pas l'écoulement de leurs charbons là où ils avaient l'habitude de l'écouler puisque ce sont les vôtres qui les remplacent. Eh bien ! Vous devez croire que les négociants français, pas plus que les propriétaires de mines ne sont disposés à se voir enlever les uns leurs rapports, les autres leur écoulement de charbon, sans lutter, sans se défendre et en conséquence, reconnaissant qu'ils doivent tous se tenir étroitement liés pour sauvegarder leurs intérêts, ils se vouent à des sacrifices. Ainsi, non seulement ils me suivent dans mes prix de ventes, mais encore trouvent-ils le moyen de ne pas perdre quand je perds ou de perdre moins que je ne perds. La chose leur est facile elle gît tout simplement :
1° dans les bas prix auxquels vendent les mines.
2° dans le délai qu'elles accordent, évitant ainsi à l'acheteur l'intérêt d'un capital assez important.
3° dans les fortes mesures qu'elles donnent et dans le tri qu'elles font des charbons, évitant ainsi, et les déficits que produisent les charbons menus et les déficits généraux sur les navires dont je suis accablé depuis que j'ai commencé des affaires avec vous.
Ces trois motifs placent évidemment mes concurrents dans une meilleure position que vous ne me placez, puisqu'ils sont tirés des sacrifices que savent s'imposer vos concurrents des mines et que pour votre part, vous ne voulez pas vous imposer, tandis que mes concurrents d'ici n'ont pas à s'imposer les sacrifices que je n'impose pour pouvoir aller de pair avec eux. Je vous affirme, Messieurs, que les mines de Ravenswhort et de Davidson envoient dans ce moment à Dieppe des charbons de toute beauté comme qualité et comme grosseur et de plus, elles chargent les navires de telle sorte qu'alors que leurs commettants trouvent de gros bonis, moi je trouve de gros déficits. Là est tout le mystère, car je les défierais bien de me suivre si j'étais traité par vous comme ils sont traités par leurs correspondants.
Et ne croyez pas que je trouve des déficits sur vos navires par le fait que vous les expédiez sur Dieppe où vous croyez que le travail se fait mal. Je vous répéterai que c'est à Dieppe seulement où le travail se fait bien. Et d'ailleurs est-ce que mes concurrents ne reçoivent pas, eux aussi, à Dieppe ? Comment donc se ferait-il que le travail se fît bien dans ce port pour eux puisque les rendements de leurs navires sont bons, tandis qu'il se ferait mal pour moi qui ai toujours de mauvais rendements ? Non là n'est pas le vice. Le vice existe ou dans vos charbons qui sont trop légers, ou dans vos chaldrons qui sont trop petits, ou bien, parce qu'on ne met pas dans le navire le nombre de chaldrons exprimés en la facture. Dans les 2 premiers cas, vous devriez donner tant pour cent pour compléter le poids ou la mesure ordinaire ; dans le 3ème cas, vous devriez mettre quelqu'un pour reconnaître exactement les chaldrons à l'embarquement. Ensuite n'établissez donc aucune comparaison entre la manière dont se fait le métier, entre Dieppe, la Vallée et Rouen, et celle dont se fait le métier au Havre. Pour le 1er parcours, si la reconnaissance des navires se fait exactement, la livraison aux acheteurs se fait non moins exactement. Au Havre, au contraire, la réception aux navires se fait fort mal, mais aussi les livraisons aux acheteurs se font tout aussi mal. C'est ce qui vous explique pourquoi le même navire rend positivement mal à Dieppe où la réception se fait bien, tandis qu'il sera censé rendre bien au Havre où la réception se fait mal.
C'est en raison de ces différences dans le métier que, si j'ai à vous remettre des comptes de vente pour Le Havre, vous les trouverez différents aux comptes de vente que je vous remets pour Dieppe.
Je soumets ces observations à vos lumières, je vous les donne comme très sérieuses, très positives et j'espère que vous saurez redresser tout ce qu'il y a de mal aujourd'hui dans nos rapports.
M. Pring, dont vous avez su l'absence de Newcastle, vous a laissé des ordres pour quatre navires. Hier, je lui ai donné des instructions pour qu'il vous en commande 15 autres, au total 19 navires. Je suis excessivement pressé :
1° du navire Cowpen-HartIey de 6 à 7 keels, à m'expédier directement à Rouen.
2° d'un navire Cowpen-HartIey, de 10, 12 ou 14 keels s'il le faut, pour Dieppe.
3° d'un navire Seaton-Sluice (New-Hartley) n'importe le tonnage 10, 15, 16 keels, à m'expédier au Havre.
Vous prendrez bien entendu ces navires sur les 19 demandés par M. Pring et vous continuerez à exécuter les ordres de ce dernier qu'il vous fera passer de chez lui pour le restant des 19 navires. Je compte, Messieurs, que vous fréterez bien, j'ai besoin de toute l'économie possible.
Agréez, Messieurs, mes salutations bien sincères.
Hypte Worms