1849.07.17.A John Carr et Cie.Newcastle
Origine : Copie de lettres à la presse n°7 - du 14 juillet 1849 au 16 septembre 1849 -
Messieurs John Carr & Cie
à Newcastle-on-Tyne
Pour satisfaire aux conditions que vous avez établies avec M. Cruzel, vous m'avez expédié par l'entremise de M. Pring les navires suivants :
Pour Le Havre :
- 'Sea Nymph' en charbon New-Hartley
- 'Economy' en charbon New-Hartley
- 'Pilgrim' en charbon New-Hartley
- 'Grasshopper' en charbon New-Hartley
Pour Dieppe :
- 'Thomas' en charbon Cowpen-Hartley
- 'Union-Packet' en charbon New-Hartley
- 'Brouadwood' en charbon Cowpen-Hartley
- 'Sea Nymphen' charbon Cowpen-Hartley
- 'Ann n°1' en charbon Cowpen-Hartley
- 'Ann n°2' en charbon Cowpen-Hartley
- 'Volant' en charbon Cowpen-Hartley
- 'Bedside' en charbon New-Hartley
Pour Rouen :
- 'Agenoria' en charbon Cowpen-Hartley.
Ainsi, Messieurs, au lieu de douze navires, c'est treize navires que vous avez expédiés pour être en compte à demi.
Nous ne pouvons rester sur un tel chiffre et je viens vous proposer de pousser notre compte à demi jusqu'à dix-huit navires. C'est-à-dire qu'il vous resterait cinq navires à m'expédier. Si ma proposition ne vous agréait pas, je vous propose alors de distraire de notre compte à demi les quatre navires qui ont été expédiés au Havre et alors vous m'expédieriez trois navires sur le port de Dieppe ; ce qui compléterait ainsi les douze navires de mon compte à demi avec vous, tous sur la même contrée. Si je vous propose, dans le cas où vous n'accepteriez pas de pousser jusqu'à 18 navires notre compte à demi, de distraire de ce compte à demi les quatre navires du Havre, ce n'est pas parce que ces navires rendront ou plus mal ou mieux que ceux dirigés sur Dieppe mais tout simplement parce que les comptes de vente en seront plus tôt prêts sur Dieppe que sur le Havre et que je tiens essentiellement à ne pas vous faire attendre ces comptes de vente.
Je suis à même de vous fournir dans quelques jours les comptes de vente de plusieurs navires. En attendant, je vous remets ci-joint le compte de vente du navire 'Agenoria' soldant par une perte totale de F 48-55 pour la moitié de laquelle je vous débite de £ 0 19 s 6 d soit 24 F 78 centimes à 25,50 la £. Veuillez m'en créditer. Vous voyez, Messieurs, qu'en définitive, vous et moi faisons la guerre bon marché soit aux charbons concurrents des vôtres, soit aux vendeurs, mes concurrents. Sans rien préciser, je crois que les autres navires de notre compte à demi se maintiendront sur les mêmes bases, or s'il en est ainsi, rappelez-vous que vous conquérez dans notre rayon à peu de frais une place que beaucoup d'autres voudraient conquérir au prix de sacrifices 10 fois plus grands. Vous voudrez donc, je n'en saurai douter, continuer à me laisser tenir vos intérêts en France.
Maintenant, Messieurs, je ne puis vous dissimuler que s'il y a perte dans la vente des navires de compte à demi, elle proviendra en grande partie des déficits que j'éprouve sur les charbons au déchargement des navires. Je ne veux m'appesantir plus qu'il ne convient sur de si malheureux résultats mais, soit que le charbon de vos mines soit plus léger que le charbon d'autres mines, soit que vos chaldrons soient plus petits que les chaldrons des autres, soit que vos agents et les capitaines de navires ne comptent pas les chaldrons qui s'embarquent, soit que les capitaines volent ou jettent à la mer partie de leur chargement, soit je ne sais plus par quelle raison, toujours est-il que j'ai des déficits effrayants tandis que mes concurrents ont des rendements convenables.
J'ai beaucoup correspondu à ce sujet avec M. Pring. Toutes mes recommandations sont restées sans effet parce que, quoi qu'ait pu faire ce dernier, il n'a pu découvrir le vice et il semble que plus je vais et moins je trouve de satisfaction. Ainsi, l'un des derniers navires, 'L'Ann', a eu un manquant de 13 tonnes sur 103 chaldrons, de telle sorte que mon agent à Dieppe a dû lui retenir 5 £ sur son fret.
Encore une fois, je ne veux pas me livrer à des récriminations avec vous. Je ne veux pas vous envoyer le parallèle des poids que je reçois et des poids que reçoivent les autres, afin que vous voyez la différence navire par navire, mais je vous signale les faits. J'ajoute que dans nul port la réception ne se fait aussi régulièrement qu'à Dieppe et d'ailleurs, elle ne se fait pas différemment que pour moi et cependant eux trouvent leur compte et moi je ne trouve pas le mien et je vous supplie de prendre les moyens que vous voudrez pour faire cesser cet état de choses vraiment désolant.
En attendant de nouveaux comptes de vente, veuillez recevoir, Messieurs, l'assurance de ma parfaite considération.