1849.03.30-31.De Edouard Rosseeuw.Dieppe.Original
Courrier original
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Dieppe, le 30 mars 1849, le soir
Mon cher Worms,
Après ma lettre de ce matin expédiée, le hasard m'a fait rencontrer ce soir un M. [Boizard] de Paris, dont la relation peut nous être immédiatement fort utile. Il était le directeur de la Marine de Lacour de [Ribesprez] et j'ai fait avec lui plusieurs affaires en transports à notre mutuelle satisfaction.
Il est maintenant [camionneur] dans Paris, associé au chemin de fer de Rouen. Il est venu à Dieppe pour chercher des clients qui lui adressent des transports à faire et il s'est mis plus particulièrement en rapport avec Miège Frères. Mais comme il ne les connaît pas et [...] me [...] [...], il nous donnera toute préférence ici. Ses relations sont nombreuses et anciennes. Il nous indiquera toutes les maisons dont nous devrons solliciter les affaires et nous recommandera comme commissionnaire ici.
Il m' a entre autre parlé de [Esclavy] de Rouen, qui lui a donné quelquefois jusqu'à 1 600 tonneaux de transport par mois. Cette maison songe à Dieppe et elle hésite à quelle maison confier ses affaires ici. [Boizard] doit lui parler de vous dès demain. [Esclavy] est en pourparlers avec Miège, mais ne s'est pas encore entendu. Si vous suiviez mon idée,
vous iriez de suite à Rouen voir [Esclavy], que sans doute vous connaissez car il est [...] à Rouen, et vous enleveriez cette belle affaire, qui nous ferait une belle base d'opération et nous en amènerait bien vite d'autres.
J'ai remis à [Boizard] une lettre d'introduction pour vous et il vous verra lundi.
La conversation m'a prouvé que Dieppe, en dépit du mauvais vouloir de l'administration, est appelé à un grand mouvement de marchandises. Ainsi prenant les choses telle qu'elles sont, les liquides gagnent déjà F 2.50 par tonneau à prendre la voie de Dieppe au lieu de celle du Havre pour Paris.
La fameuse compagnie [...désir] du Havre prenait à forfait F 24 du tonneau de liquide pour le rendre, tout compris, du Havre dans Paris, à domicile, à l'entrepôt des vins, ou à Bercy. [Faisant] un nouvel effort, elle vient de réduire ce prix à F 23.50.
Dieppe peut faire à F 20.50 pour l'entrepôt et 21.50 pour Bercy, soit 21 en commune au lieu de 23.50 en faveur de Dieppe, sans compter les réductions à venir. Et, dans ce forfait, il y a 75 centimes à 1 franc de bénéfice par tonnes pour les commissionnaires ici. Tout cela m'a l'air de prendre une bonne tournure et je crois qu'il y a une belle balle à jouer ici. Mais il est temp de s'y mettre pour se placer en première ligne.
Que pensez-vous de solliciter les expéditions de champagne pour l'Angleterre ? Je connais [Jacquesson] intimement par mon cousin, Cliquot par [Pannifex] et je puis aborder Montebello par son frère Gustave, le [troupier]. Cela peut faire du fret de retour et nous faciliterait les affaires.
Après ma lettre de ce matin expédiée, le hasard m'a fait rencontrer ce soir un M. [Boizard] de Paris, dont la relation peut nous être immédiatement fort utile. Il était le directeur de la Marine de Lacour de [Ribesprez] et j'ai fait avec lui plusieurs affaires en transports à notre mutuelle satisfaction.
Il est maintenant [camionneur] dans Paris, associé au chemin de fer de Rouen. Il est venu à Dieppe pour chercher des clients qui lui adressent des transports à faire et il s'est mis plus particulièrement en rapport avec Miège Frères. Mais comme il ne les connaît pas et [...] me [...] [...], il nous donnera toute préférence ici. Ses relations sont nombreuses et anciennes. Il nous indiquera toutes les maisons dont nous devrons solliciter les affaires et nous recommandera comme commissionnaire ici.
Il m' a entre autre parlé de [Esclavy] de Rouen, qui lui a donné quelquefois jusqu'à 1 600 tonneaux de transport par mois. Cette maison songe à Dieppe et elle hésite à quelle maison confier ses affaires ici. [Boizard] doit lui parler de vous dès demain. [Esclavy] est en pourparlers avec Miège, mais ne s'est pas encore entendu. Si vous suiviez mon idée,
vous iriez de suite à Rouen voir [Esclavy], que sans doute vous connaissez car il est [...] à Rouen, et vous enleveriez cette belle affaire, qui nous ferait une belle base d'opération et nous en amènerait bien vite d'autres.
J'ai remis à [Boizard] une lettre d'introduction pour vous et il vous verra lundi.
La conversation m'a prouvé que Dieppe, en dépit du mauvais vouloir de l'administration, est appelé à un grand mouvement de marchandises. Ainsi prenant les choses telle qu'elles sont, les liquides gagnent déjà F 2.50 par tonneau à prendre la voie de Dieppe au lieu de celle du Havre pour Paris.
La fameuse compagnie [...désir] du Havre prenait à forfait F 24 du tonneau de liquide pour le rendre, tout compris, du Havre dans Paris, à domicile, à l'entrepôt des vins, ou à Bercy. [Faisant] un nouvel effort, elle vient de réduire ce prix à F 23.50.
Dieppe peut faire à F 20.50 pour l'entrepôt et 21.50 pour Bercy, soit 21 en commune au lieu de 23.50 en faveur de Dieppe, sans compter les réductions à venir. Et, dans ce forfait, il y a 75 centimes à 1 franc de bénéfice par tonnes pour les commissionnaires ici. Tout cela m'a l'air de prendre une bonne tournure et je crois qu'il y a une belle balle à jouer ici. Mais il est temp de s'y mettre pour se placer en première ligne.
Que pensez-vous de solliciter les expéditions de champagne pour l'Angleterre ? Je connais [Jacquesson] intimement par mon cousin, Cliquot par [Pannifex] et je puis aborder Montebello par son frère Gustave, le [troupier]. Cela peut faire du fret de retour et nous faciliterait les affaires.
Samedi 31
Rien de neuf à vous marquer aujourd'hui si ce n'est qu'il est encore entré un chassemarée de Cette (Sète) chargé de liquide. Ce n'est donc pas du hasard comme le croit Grandchamp.
L'affaire est toute vue : oui, on peut faire quelque chose à Dieppe. Mais il faudrait s'installer de suite, et le faire savoir officiellement. Chaque jour perdu est dangereux parce que les premiers venus sont les mieux placés. C'est à vous de décider. Quant à moi je suis prêt. Mais si votre intention est d'installer une maison ici, je désirerais le savoir pour ainsi dire tout de suite ; cela amènerait quelque changement pour le parti à prendre pour mon mobilier avant le 15 avril.
Tout à vous
L'affaire est toute vue : oui, on peut faire quelque chose à Dieppe. Mais il faudrait s'installer de suite, et le faire savoir officiellement. Chaque jour perdu est dangereux parce que les premiers venus sont les mieux placés. C'est à vous de décider. Quant à moi je suis prêt. Mais si votre intention est d'installer une maison ici, je désirerais le savoir pour ainsi dire tout de suite ; cela amènerait quelque changement pour le parti à prendre pour mon mobilier avant le 15 avril.
Tout à vous
E. Rosseeuw