1847.04.08.De Hte Dauriac.A M. Monier.La Villette
Origine : Copie de lettres à la presse n°2 – du 17 mars 1847 au 17 décembre 1847
(volume manquant dans les archives) – page 455
Paris, le 8 avril 1847
Monsieur Monier
Carrière du Centre - La Villette
Depuis les conventions verbales intervenues entre nous, vous ne vous êtes jamais mis à même de remplir vos engagements envers moi, quoique, cependant, je vous aie constamment adressé toutes les observations possibles, quoique, cependant, je vous aie fait entrevoir les conséquences funestes qui découleraient sans nul doute de votre défaut de livraisons, si vous ne vous mettiez immédiatement en mesure d'organiser et votre service de voitures et vos moyens de fabrication suivant l'importance impérieuse de mes besoins. Mais vous n'avez jamais donné la plus légère satisfaction à mes instances, et au mois de novembre expiré, il s'est écoulé une assez longue période de jours pendant laquelle vous m'avez laissé totalement manquer de matières. Tantôt, c'était un dérangement dans votre machine, tantôt le manque de matériel roulant, tantôt l'intempérie de la saison qui vous rendait impraticable l'exploitation de votre Carrière… Que sais-je encore ? Vous aviez toujours quelques empêchements à me signaler. Cette première et grave faute de votre part a été cause que j'ai reçu diverses sommations assignations de mes acheteurs ; que divers procès s'en sont suivis, que je n'ai pu remplir mes engagements de vendeur vis-à-vis des chemins de fer, etc., etc. Cette fois encore, et comme d'habitude, je vous ai dépeint tout ce qu'il y avait de terrible dans cette position, de laquelle je vous rendrai garant, mais vous m'avez toujours fait des promesses que vous n'avez pu ou pas voulu réaliser. Les opérations ont ainsi suivi leur cours, et je comptais sans cesse sur quelques efforts de votre part pour satisfaire à vos obligations envers moi, quand, au contraire, vous arrêtez subitement votre fabrication, désorganisez sans réflexion votre Carrière au moment où la vente est arrivée à son plus fort degré, au moment où vous aviez tout espoir de réparer, en partie, par l'augmentation d'un débouché de courte durée et par l'activité croissante de vos livraisons, le temps perdu.
Ainsi, depuis le 30 mars expiré, vous avez totalement suspendu votre fabrication, et par suite, les expéditions que vous aviez à me faire ; et aujourd'hui, 8 avril, je suis toujours dans la même position, c'est-à-dire, sans matières, par votre fait, par l'impuissance et la désorganisation de votre Carrière. Je vous annonçais, ce que je vous confirme encore, la nécessité que vous m'aviez imposée de me mettre en mesure contre vous, et de vous appeler à Orléans, Blois où j'étais moi-même appelé, comme à toutes les destinations, par lesquelles je ne manquerai point d'être attaqué, puisque vous m'empêchez de remplir les engagements que j'ai contractés avec elles.
Depuis ce jour, qu'avez vous fait ? Quelles mesures avez-vous prises pour donner satisfaction à ma lettre ? Aucune. Ou je dirai même mieux, car vous le méritez vraiment, vous avez fait tout ce qu'il fallait, non seulement pour ne pas me livrer dans ce moment le plus décisif, malgré mes besoins impérieux, mais bien encore, pour me laisser la conviction que vous ne pourrez à l'avenir suffire ni aux quantités que vous devez me livrer journellement, ni aux qualités essentielles pour que votre marchandise soit acceptée.
En effet, d'une part, voila cinq grands jours que votre moulin marche, pour produire, à grand peine, après des embarras inouïs, au milieu d'une foule d'éventualités prêtes à l'arrêter à chaque instant, neuf cent quatre-vingt quinze sacs de plâtre, c'est-à-dire, 200 par jour ou 6 mètres, alors que vous me devez 33 mètres par jour. Appelez-vous cela du progrès dans votre fabrication ? Pensez-vous, maintenant, qu'avec cette organisation vous pouvez suffire à mes livraisons journalières et pensez-vous enfin qu'avec de tels résultats, je puisse ajouter foi à toutes vos promesses ? Non, assurément, et tout ne fait que me confirmer l'opinion déjà acquise, que vous avez voulu pour telle ou telle cause, dans tel ou tel autre but, vous livrer à des expériences, dans votre fabrication, et tout cela sans respecter vos engagements majeurs envers moi, sans prendre en considération le préjudice énorme, pour ne pas dire incalculable que vous alliez me causer.
D'autre part, et sans nul doute pour réaliser la promesse que vous m'aviez faite de porter de l'amélioration dans la qualité du plâtre, que vous me livrez, et dont mes acheteurs se plaignent chaque jour, vous avez fait toujours avec votre système d'expérience, de la matière tellement inférieure [que] ces 995 sacs restent en litige dans les diverses stations, où ils seront peut-être encore vendus, pour leur prix de transport seulement. (A cet effet je fais de nouvelles réserves).
Me voilà donc depuis dix jours, sans matières, sans espoir d'en avoir de longtemps encore. Me voilà, encore, en admettant pour un instant que vous puissiez me livrer suffisamment, dans la certitude de ne pas avoir des qualités recevables. Me voilà pour tout dire dans l'impossibilité matérielle de faire honneur à mes nombreux engagements, et en présence des plus graves dommages intérêts etc. Le tout par votre faute. Que me reste-t-il à faire ? A vous mettre en demeure, pour que je puisse vous répéter tous les désagréments et indemnités auxquels je serai condamné, pour que je puisse, enfin, vous imputer tout ce qui ne manquera pas de m'arriver dans la fâcheuse position où vous m'avez placé.
J'ai bien l'honneur de vous saluer.
P. Hte Worms
Hte Dauriac