1940.11.11.De l'ingénieur des Ponts et Chaussées.PV de constat.ACSM

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11 novembre 1940

Procès-verbal de constat

Je soussigné Mégissier, ingénieur des Travaux publics de l’État, chargé de l’exploitation des bacs départementaux, déclare et certifie avoir constaté les faits suivants :
Le neuf juin mil neuf cent quarante, au cours d’une tournée de service à La Mailleraye-sur-Seine, j’ai constaté que quinze canots neufs en duralumin, type Génie militaire étaient amarrés à la digue sud, immédiatement à l’amont de l’appontement Bozel-Malétra.
Ces canots qui n’avaient pu être conservés rive nord en exécution des ordres donnés par l’autorité militaire avaient été utilisés par le constructeur Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime au Trait, pour évacuer sur la rive sud de la Seine le personnel de l’usine.
Le dix juin dans l’après-midi, au cours d’une nouvelle tournée, j’ai rencontré à La Mailleraye-sur-Seine, M. Abbat, directeur et M. Roy, secrétaire général des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, et leur ai fait connaître qu’eu égard à la situation militaire (les ponts de Rouen ayant été détruits la veille et les usines de pétrole de la rive nord le matin même) ces canots seraient certainement coulés en même temps que le bac. M. Abbat m’a déclaré que les canots étaient destinés au Génie militaire et qu’il les avait remis en consigne au sous-officier artificier du Génie en service à bord du bac à vapeur.
Les bacs remorqués, chalands à poste rive sud et toutes autres embarcations (sauf les bacs à vapeur) ayant été coulés dans la nuit du 11 au 12 juin par les soins de la douane, sur ordre du colonel Milliard, commandant le sous-secteur de défense de la Basse-Seine, j’ai signalé moi-même le douze juin au colonel Milliard, à son poste de commandement de Routot, la présence des canots.
Ordre a été donné par le colonel à la douane de couler ces canots. Cet ordre a été exécuté dans l’après-midi du 12 juin par les douaniers et par le personnel des Ponts et Chaussées. Les canots ont été coulés sur place.

Fait au Trait, en double exemplaire,
Le onze novembre mil neuf cent quarante
Signé illisible
 

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