1960.05.29.De R. Pellevilain.A M. Romet - Worms CMC Bayonne.Note
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Bayonne, le 29 mai 1960
Monsieur Romet
Directeur de la Maison Worms CMC
Place du Réduit, Bayonne
Monsieur le directeur,
Je me permets de revenir sur un sujet dont je vous ai déjà entretenu verbalement à plusieurs reprises ; c'est-à-dire la charge de plus en plus intense de ma fonction, due au développement des activités et viens vous demander de voir s'il n'y a pas la possibilité de l'alléger d'une partie du service manutention maritime, il y a dans ce domaine quelque chose qui doit pouvoir être réalisé, sans pour autant qu'il soit nécessaire de procéder à de nouveaux recrutements, donc sans être une charge supplémentaire pour la succursale.
II est possible qu'au point de vue "charbons" l'ensemble de la succursale soit en régression de tonnage, et je, conçois qu'il faille s'accrocher ou c'est possible, et il ne vient pas à mon esprit de le nier, mais en se penchant sur les chiffres vous constaterez que dans la branche qui me concerne, le tonnage manipulé ou vendu depuis 18 mois est plutôt en augmentation qu'en diminution, et que vous y avez ajouté ou consolidé des activités annexes, ceci avec une certaine réduction d'effectif, d'où la nécessité pour moi d'une surveillance ou d'un contrôle plus actif, d'autant plus que les valeurs qualitatives ne sont plus les mêmes.
Quant aux manutentions maritimes les chiffres parlent d'eux-mêmes, à tel point que vous avez dû augmenter votre effectif au bureau central, et il va de soi que si le travail augmente dans les services internes, c'est que par voie de conséquence celui de l'extérieur a été plus important.
Il est souhaitable, et je ne doute pas qu'il aille en s'accentuant, mais il y a un déséquilibre des charges ; comme vous n'ignorez pas que ma fonction du fait de la double appartenance de la succursale aux Charbons et aux Maritimes, m'astreint à des heures de présence intensives, les semaines de 60 heures et plus, ainsi que les travaux de nuit ou du dimanche ne sont pas faits exceptionnels, comme de plus cette fonction n'est pas particulièrement assise, ni a l'abri des intempéries, j'arrive au delà de la cinquantaine assez fatigué, et malheureusement affligé d'un certain handicap physique qui du fait d'une charge trop lourde me met dans la situation pénible d'avoir les nerfs qui craquent ou qui explosent, ce qui ne peut être à l'avantage du service, de ma santé, ni de ma réputation.
Je viens donc vous demander de l'alléger dans une certaine mesure, la chose doit être possible, sans pour autant que je joue les "touristes", mon tempérament ne s'y prêterait pas.
Je pense que vous voudrez bien prendre ma demande en considération, en retenant que depuis 20 ans j'assure à la Maison la fonction de chef de service, et toujours dans des postes complexes et pénibles, puisque avant d'être à Bayonne j'avais déjà sous mon contrôle une usine de 30 ouvriers, fonctionnant à feux continus, ce qui n'est jamais de tout repos pour le responsable, et ceci dans les circonstances difficiles de la guerre et de l'occupation.
Vous remerciant à l'avance.
Veuillez agréer, Monsieur le directeur, l'assurance de ma respectueuse et haute considération.
R. Pellevilain
Chef de service - Worms CMC Bayonne