1921.09.24.De J. Blondin - Revue générale d'électricité.Article sur les ACSM
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[Extrait du n°12 - tome X - du 24 septembre 1921 de la Revue générale d'électricité. Cet article est disponible sur le site Gallica de la BNF.]
24 septembre 1921
Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime
Les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime ont été fondés en pleine guerre par la Société Worms et Cie, dans la petite commune du Trait, distante de Rouen d'un peu moins de 30 km. Malgré toutes les difficultés de main d'œuvre, de matières premières et de transports imposées par les circonstances qui régnaient alors, leur édification s'est poursuivie sans relâche jusqu'au complet
achèvement. A l'heure actuelle, les établissements du Trait sont en complète activité ; six navires sont déjà sur cales et le programme total à réaliser en comprend vingt. Des lancements auront lieu dès cette année. D'autre part, d'importants travaux de réparations ont déjà été effectués à un appontement spécial.
Disposition générale des chantiers. — Les ateliers, qui, avec leurs dépendances, couvrent une superficie de 24 hectares, sont groupés d'une façon rationnelle (voir fig. 2) permettant l'utilisation maximum des efforts et combinés pour assurer l'intégration dans la plus large mesure possible. C'est ainsi qu'à côté de l'atelier des coques et des forges, s'élèvent à droite sur le plan, les ateliers de grosse chaudronnerie et de grand ajustage pour la construction des machines et des chaudières ; à gauche, une scierie et un vaste atelier de menuiserie pour tout ce qui concerne le travail du bois. Une salle consacrée aux études techniques, au service photographique, au tracé des formes et à la confection des gabarits complète un ensemble dont l'outillage a été adapté aux derniers progrès de la technique industrielle moderne.
Fig, 2. — Plan des installations des Ateliers et Chantiers de la Seine maritime.
Force motrice. — Les chantiers utilisent à la fois les forces motrices, électrique, pneumatique, hydraulique. En ce qui concerne la première, le fonctionnement de l'atelier des coques exige une puissance de 450 ch, celui de la grosse chaudronnerie 480 ch, celui de l'outillage et la forge 70 ch, celui du grand ajustage 800 ch, les grues et les treuils 250 ch, le portique du parc à tôles 80 ch, la scierie et la menuiserie 50 ch chacune ; enfin, la station hydraulique et pneumatique 500 ch. La station centrale électrique des chantiers qui répartit dans les différents ateliers l'énergie nécessaire par des câbles de force motrice et de lumière, indépendants les uns des autres, comprend trois groupes de 500 kw chacun avec en plus deux groupes de 30 kw pouvant fournir l'éclairage aux ateliers et à la commune.
La force motrice pneumatique utilisée au rivetage, au matage et au burinage à bord, ainsi que pour les pilons de la forge, est fournie par trois machines de compression, dont une de rechange de 30 m3 à la pression de 7 kg / cm3.
La force motrice hydraulique utilisée dans les machines à tomber les bords, à cisailler les profilés dans les grosses presses pour former et cintrer les tôles des chaudières, dans les grosses riveuses de chaudronnerie, est fournie par un accumulateur hydraulique donnant une pression de 110 kg / cm3, alimenté par deux pompes qui sont actionnées par deux moteurs électriques de 100 ch.
Cales de construction. — Les cales de construction sont de trois types :
Le premier type comprend deux cales de 170 m de longueur dont le radier, en ciment armé, de 8 m de largeur et 1 m de profondeur, établi sur pieux, peut porter 60 t par mètre courant sur l'axe de construction et convient à des navires atteignant jusqu'à 17.000 t de déplacement.
Le seconde type comprend 4 cales de 135 m de longueur avec radier de 8 m de largeur et de 0,80 m de profondeur sur pieux portant 30 t par mètre courant et pouvant lancer des navires de 9.000 t de déplacement.
Le dernier type enfin comprend deux cales de 135 m de longueur avec radier de 8 m de largeur et de 0,50 m de profondeur sur pieux portant 10 t par mètre et convient à des navires jusqu'à 2.800 t de déplacement.
Les 8 cales sont du reste reliées à l'avant jusqu'à la hauteur maximum de la marée par un radier en ciment armé de 60 m de longueur.
Voies ferrées et engins de levage. - Les Chantiers de la Seine-Maritime sont desservis par un embranchement particulier se greffant sur la ligne de Barentin à Caudebec et des ramifications du réseau permettent d'amener jusque dans les ateliers les wagons chargés de pièces lourdes.
En ce qui concerne les engins de levage, il faut distinguer ceux des ateliers, ceux cales et ceux du parc à matériaux.
Les ateliers sont desservis par des ponts roulants, ceux des coques en possèdent deux de 5 t, ceux de grosse chaudronnerie et grand ajustage en possèdent chacun un de 50 t, un de 30 t et deux de 5 t, celui du petit ajustage en possède un de 3 t.
Les cales sont munies de grues "Titan" dont trois peuvent soulever 4 t à 24 m de flèche et 35 m d'altitude et 8 t à 12 m, la dernière soulevant 3 t à 17 m de flèche et 25 m d'altitude : en outre, elles possèdent quatre treuils électriques qui ont une force portante variant entre 3 t et 5 t.
Quant au classement des matériaux, il s'opère sur un vaste terrain de 360 m de longueur, desservi par une grue portique de 30 m d'écart entre les voies, la flèche de la grue débordant en outre de 10 m, la force portante de la grue est de 3 t à la vitesse de 6 m / mn ; la vitesse de translation de la grue est de 25 m / mn ; celle du portique est de 50 m / mn, les différents mouvements étant assurés par trois moteurs électriques indépendants.
En outre, pour les différents besoins des chantiers, il existe une grue locomotive pouvant porter 4 t à 6 m.
La cité ouvrière. – La main-d'œuvre utilisée dans les établissements du Trait s'est accrue avec une grande rapidité et la population de la commune a passé de 380 habitants à 3.000 environ.
Pour résoudre le problème du logement, une société été fondée sous les auspices des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime et de nombreuses maisons ouvrières ont été édifiées. Leur nombre atteint actuellement près de 200 et elles sont divisées en plus de 300 logements. Des avantages au point de vue du nombre de pièces et du prix sont accordés aux familles nombreuses. En outre, chaque maison est accompagnée d'un jardin, ce qui donne à l'ensemble de la cité, répartie sur une longueur de 3 km, dans un site, du reste, ravissant, un aspect de gaieté et d'hospitalité.
L'eau est fournie par deux puits artésiens dont l'un a été foré à 133 m de profondeur et l'autre à plus de 150 m.
En ce qui concerne les matériaux nécessaires à la construction des maisons, il faut signaler que le sable est exploité sur place et que la société immobilière fabrique elle-même des agglomérés composés de ciment, de sable et de granulé de laitier avec six presses pouvant en débiter chacune 350 par jour environ.
La cité du Trait a été dotée d'un cinéma, d'une école ménagère, d'un dispensaire où des consultations sont données aux mères de famille.
Les plans de voirie ont, du reste, largement prévu le développement futur de la ville dont la population atteindra 10.000 à 12.0000 habitants, lorsque l'effectif ouvrier des Ateliers et Chantiers sera au complet.