1918.12.29.De Marcel Duchereau.A Worms - ACSM.Note.Travaux en cours
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M. Duchereau – 16, avenue d’Orléans
Ingénieur-constructeur
Ponts, réservoirs, planchers, etc.
Construction d’usines
Paris, le 29 décembre 1918
Messieurs Worms & Cie à Le Trait (Seine-Inférieure)
adressée au siège social 45, bd Haussmann
Recommandée
Messieurs,
Comme suite à l’entretien que j’ai eu avec M. Gustave Majou, et en réponse à votre lettre du 17 décembre courant, je m’empresse de vous rappeler qu’avant de commencer les travaux du petit ajustage, j’ai fourni à M. Lanave, alors directeur des travaux, les dessins d’exécution qu’il a approuvé et je me suis mis d’accord avec lui sur tous les points, notamment sur la question de réaction du sol qui a été réalisée pour ne pas dépasser 800 grammes par centimètre carré, au lieu de 1 kilogramme comme il est prévu au cahier des charges.
Je rappelle d’autre part à M. Gustave Majou, au cours de la visite que lui a faite, mon chef de service Gabella, le 6 décembre, a été heureux d’apprendre par l’organe de ce dernier que l’ossature du bâtiment du petit ajustage serait terminée à fin janvier. Il a pris congé de lui en le remerciant de cette déclaration et lui a dit de continuer. Les agents de l’administration et M. Majou, lui-même, ont pu se rendre compte de l’avancement des travaux quand le 18 décembre j’ai été très surpris d’être avisé, après trois semaines de travail que je devais interrompre son exécution.
Je suis à votre disposition pour effectuer dès que vous le désirerez, des essais de compressibilité du sol au droit des piliers et je vous adresserai la copie des calculs de résistance justifiant les dimensions données aux semelles de répartition de charge.
En ce qui concerne la préparation des bétons, ils ont été confectionnés dans des conditions qu’il est d’usage de réaliser pour des bétons destinés à être immergés : les bétons ont été humectés au malaxage. L’expérience m’a montré en effet que ce serait un inconvénient de les mouiller complètement.
J’ai remis dernièrement à M. Majou dès qu’ils m’ont été demandés, certains dessins, précédemment fournis à M. Lanave, concernant les piliers de fondation. Tous les dessins d’exécution sont actuellement en votre possession et je vous serai obligé de les approuver dans le plus bref délai possible. En effet l’arrêt que vous m’avez imposé dans l’exécution des travaux de l’atelier du petit ajustage a découragé certains de mes ouvriers qui avaient assumé avec beaucoup de dévouement cette entreprise, laquelle les oblige à travailler dans des conditions très pénibles, en partie dans l’eau. Ces ouvriers m’ont menacé de quitter le chantier, menace qui, si elle se réalisait, aurait pour la suite des travaux les inconvénients que vous pouvez vous-mêmes apprécier. Je me permets d’insister auprès de vous pour recevoir au plus tôt une réponse de votre part.
En ce qui concerne enfin votre observation au sujet de la présence d’une couche de tourbe au-dessous des semelles, j’ai l’honneur de vous signaler que cette petite couche de tourbe a été enlevée avant de couler le béton.
Ne recevant aucune réponse de votre part au sujet des demandes que je vous ai adressées, je me suis efforcé de mon côté à obtenir les 100 hommes de main-d’œuvre dont vous m’aviez promis le concours. Mon conseil a fait une demande auprès du sous-secrétaire d'État à la Guerre chargé du service des prisonniers de guerre, et il a été répondu qu’en vertu d’une décision récente tous les PG devaient être employés à la reconstruction des régions libérées. J’insiste donc à nouveau pour que vous vouliez bien me procurer 100 hommes de main-d’œuvre secondaire ; en regrettant que nous ne m’ayez pas fourni en temps voulu et avant ces dernières instructions des prisonniers de guerre qui constituent à mes yeux une bonne main-d'œuvre.
Je me permets d’espérer que vous aurez bien voulu examiner à nouveau ma demande de versement d’un acompte et qu’il vous aura paru qu’elle m’est indispensable pour continuer vos travaux sans entrave pour mes autres entreprises.
Veuillez agréer, Messieurs, mes salutations distinguées.
Signé : M. Duchereau