1918.04.17.De Worms et Cie Alger

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Worms & Cie

Alger, le 17 avril 1918
MM. Worms & Cie - Paris

Messieurs,
Nous avons à apporter quelques modifications aux renseignements contenus dans notre lettre particulière du 13 courant.
L'agent de M. Castel a bien remboursé une somme importante à des chargeurs d'Alger, mais ce remboursement serait antérieur à la publication par la "Dépêche algérienne" des faits qui ont motivé l'arrestation de l'agent d'Oran et il aurait été occasionné par des sommes perçues en excès du fret taxé et se rapportant non à un vapeur de M. Castel, mais au vapeur espagnol "Yturi-Garri" naviguant pour le compte d'une Maison de Bordeaux représentée ici par l'agent de M. Castel. De plus ce remboursement n'aurait pas été spontané : il aurait été fait sur invitation du procureur de la République avec un délai de douze heures.
L'"Eugénie" étant venue ici au mois de mars, nous ne serions pas étonnés cependant que des remboursements aient eu lieu par suite de majorations du fret perçu pour ce bateau, comme nous vous le disions le 13 courant.
Stock transit maritime. Le commissariat de la Marine marchande et des Transports maritimes a trouvé le moyen de réaliser des transports de charbon à bon compte de Cette [Sète] ou Marseille en Algérie. Il a traité avec la Maison Puech, de Cette (et peut-être avec d'autres) dans les conditions suivantes : ces armateurs sont autorisés à transporter du vin d'Algérie à Cette, moyennant 240 francs la tonne, mais à charge pour eux de transporter du charbon de Cette ou Marseille en Algérie contre une indemnité de 6 francs par tonne pour frais de manutention.
Une opération du même genre aurait été proposée à la Société navale de l'Ouest pour Rouen et le Pays de Galles, mais cet armement, ayant constaté après examen de l'affaire qu'elle serait très onéreuse pour lui (on lui offrait 20 francs Pays de Galles - Algérie), a répondu qu'il voulait bien travailler pour rien, mais pas à perte et encore moins à grande perte.
L'avènement de M. Bouisson va, c'est à craindre du moins, amener la cessation des rapports entre l'État et les négociants par application de la doctrine socialiste "Tout par l'État".
Il nous a été dit, et nous devons tenir la chose pour confidentielle, que le vapeur "Guethary", avec un chargement de charbon destiné au Transit maritime d'Alger et en provenance du UK, a reçu l'ordre d'aller à Bizerte où l'on constituerait un stock important répondant à ce fait que ce port est un point d'arrêt des convois. On n'avait évidemment pas demandé le concours des négociants pour l'exportation de la cargaison par ce vapeur, car vous l'auriez su et nous devons déduire de la comme des offres faites à la Société navale de l'Ouest, que le commissaire à la Marine marchande veut s'affranchir du commerce pour la constitution des stocks nécessaires à la flotte marchande.
L'intendance ne nous a rien dit qui puisse nous confirmer dans cette idée, mais elle ressort des faits.
Veuillez agréer, Messieurs, nos bien sincères salutations.

Ch. A. Rouyer


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