1918.11.09.Du Syndicat central des négociants importateurs de charbons en France

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Syndicat central des négociants importateurs de charbons en France
82, rue Saint-Lazare, Paris
Organisation d'après guerre

Paris, le 9 novembre 1918

Monsieur & cher collègue,
Lors de leur dernière réunion, les membres présents de notre syndicat ont décidé, sur ma demande, d'étudier la situation dans laquelle se trouvera notre commerce d'importation de charbons à la cessation des hostilités et à la signature de la paix.
La question qui se pose est celle-ci :
Comment concevons-nous l'organisation permettant de revenir, aussitôt que cela sera possible, à la reprise normale des affaires commerciales ?
J'ai dit qu'une étude était faite par le Bureau national des charbons et que j'étais tout prêt, au nom du syndicat, à remettre au BNC les suggestions qui seraient de nature à faciliter cette étude.
Après discussion, nous avons décidé d'opérer de la manière suivante :
Les importateurs faisant partie du syndicat se réuniraient, soit par port, soit par groupement syndical de port. (Cette dernière solution ne doit, je crois, s'appliquer qu'à Rouen où les importateurs faisant partie du syndicat appartiennent à plusieurs groupements.)
Dans ces réunions tenues dans chaque port nos adhérents échangeraient leurs idées et nommeraient un délégué.
Nous réunirions alors à Paris ces délégués, et ceux-ci, à leur tour, pourraient, après discussion, désigner un ou deux rapporteurs chargés de faire la représentation des idées qui se seraient dégagées au cours des différentes réunions. Ensuite on soumettrait la question à l'assemblée générale.
Somme toute, nous avons à étudier d'abord, à notre point de vue, le moyen d'assurer, au meilleur marché et avec le moins de surestaries possible, l'importation de la plus forte quantité de charbons anglais dans chaque port. Ensuite, il y aurait lieu d'étudier au point de vue général, les moyens d'assurer en France une distribution équitable tant comme quantité que comme prix.
En effet, il ne faut pas perdre de vue que les charbons reçus par la France proviendront de plusieurs sources :
Les charbons français - qui seront probablement, pendant un temps donné, taxés comme prix à la mine et réglementés.
Les charbons anglais - taxés ou non, suivant les accords qui peuvent être établis entre les gouvernements.
Les charbons belges.
Les charbons allemands, - pour lesquels, dans les conditions de paix, il est à prévoir qu'il sera probablement exigé un certain tonnage à mettre à la disposition du gouvernement français.
Enfin, si les quantités de charbons ainsi obtenues sont trop faibles pour satisfaire les besoins, on aura recours, dans la mesure nécessaire à l'importation de charbons américains.
Il ne faut pas perdre de vue que tous ces divers charbons reviendront à des prix très différents, étant donné qu'il faudra longtemps avant que le jeu régulier du commerce rétablisse par la libre concurrence la balance des prix.
"Il est donc possible que, vu les écarts considérables entre les prix, vu aussi la nécessité d'éviter des transports difficiles et inutiles, le gouvernement soit amené à laisser subsister, pendant un certain temps après la guerre, un organe de distribution et un organe de péréquation des prix.
Il semble probable aussi, que pendant un certain temps également, la Chambre de compensation des frets charbonniers continuera à fonctionner.
En étudiant ce problème de l'après-guerre il faut donc ne pas perdre de vue les complexités de la question et la pensée qu'il ne sera pas résolu le jour où nous aurons donné une opinion sur l'importation des charbons anglais seuls. Le problème doit être étudié dans tout son ensemble, c'est ce qu'il y a lieu de bien prendre en considération.
Un des points sur lesquels il faudrait approfondir de très près la question port par port, est celui de l'utilisation rationnelle des installations possédées par les importateurs de métier, de façon à leur faire produire le maximum de travail en vue d'obtenir, ainsi que je l'ai toujours dit, le minimum de frais de manutention pour arriver au minimum de prix de revient.
Je me demande même s'il ne serait pas bon, que, dans ceux des ports où se produisent fréquemment des surestaries, l'on étudie spécialement cette question pour démontrer ce qui doit être : que les importateurs de charbons de métier, disposant d'installations, de chantiers de stockage, etc., ont une moyenne de surestaries très Inférieure à celle des importateurs-consommateurs ou autres qui, n'ayant pas de moyens spéciaux de déchargement et de stockage doivent forcément attendre les wagons vides et encourir des surestaries.
Je vous serai donc reconnaissant de vouloir bien vous réunir le plus tôt possible et me faire savoir au syndicat si vous avez délégué un de nos confrères pour représenter votre port.
Veuillez agréer, Monsieur & cher collègue, mes bien cordiales salutations.

Le président du syndicat
Louis Brichaux

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