1918.11.23.De Worms et Cie Port-Saïd

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Worms & Co.
Branches in Egypt: Cairo, Alexandria, Port Tewfik (Suez)

Port Said (Eypt), le 23 novembre 1918
Messieurs Worms & Cie - Paris

Messieurs,
Beyrouth. Nous avons l'honneur de vous confirmer notre lettre spéciale du 14 ct et d'accuser réception des vôtres des 26 octobre et 2 novembre.
Vous vous serez rendu compte, à la lecture de notre rapport, que tant qu'il n'y aura pas à Beyrouth une administration unique, stable et bien assise, il nous sera difficile de nous organiser comme vous le désirez et comme nous le voudrions, l'important est d'être installé sur place avec un embryon d'organisation qui se développera assez rapidement en dépit de toutes les difficultés. M. Golubzow va pouvoir partir lundi ou mardi au plus tard, non sans peine, car il nous a fallu compter avec les tours de priorité qui lui ont fait manquer le départ du "Maroc" le 20 et celui du "Dard" aujourd'hui, le peu de places dont disposent ces petits navires ayant été réservé, par ordre, pour des officiers de l'armée de terre, et il nous a fallu insister auprès de l'aide de camp de l'amiral, resté ici pour s'occuper des questions courantes, pour lui arracher la promesse formelle d'un départ certain pour lundi ou mardi.
Les mêmes difficultés se posent pour l'expédition de l'étoupe et du goudron que nous avons prêts depuis quelques jours, ainsi que la papeterie et divers ustensiles de bureau introuvables à Beyrouth, que nous avons fait préparer pour partir avec notre chef de bureau, et nous avons eu du mal à faire comprendre à la Marine ici que pour décharger du matériel de base ou d'autres marchandises il faut des allèges, et que pour [que] ces allèges flottent il faut avoir de quoi les remettre en état. Nous espérons, sans en être encore bien sûrs (il a fallu télégraphié à Beyrouth pour obtenir un tour spécial de priorité)- que ces matériaux, etc., pourront partir en même temps que M. Grolubzow.
Il nous faut donc nous armer de patience et nous contenter pour l'instant du peu qu'on peut faire avec une insuffisance de moyens, tout en en tirant le plus de parti possible, la question des allèges est celle qui prime toutes les autres, et elle restera à peu près insoluble pour nous tant qu'un modus vivendi ne sera pas intervenu entre les différents services, britanniques et français, navals militaires et civils. Il faudra encore cependant compter avec les propriétaires de "barcasses", qui ont toujours été syndiqués et chercheront à exploiter la situation lorsqu'on leur fera des propositions d'achat. M. Golubzow a été mis au courant de toutes ces questions, qu'il sera d'ailleurs à même d'étudier plus à fond que n'a pu le faire M. Roussel, la base du DFPS devant être transférée définitivement à Beyrouth, il est à prévoir que probablement de longs mois s'écouleront avant que tous les terrains qu'elle s'est adjugés en bordure du quai redeviennent disponibles, et il appartiendra à l'agent de Beyrouth d'avoir les yeux très ouverts de ce côté.
Nous regrettons de n'avoir pu vous câbler le matricule de M. de Fleurac, renseignement que le consulat ne possède pas. Nous voyons par la lettre du ministère de la Marine en date du 31 octobre qu'il s'occupait très activement de demander la mise en sursis de notre employé et ce sera pour le mieux si notre agent à Beyrouth est chargé de la direction du trafic de la Marine dans ce port, car investi d'une fonction officielle il aura ainsi plus d'autorité pour se faire écouter et obtenir satisfaction, surtout dans les milieux militaires où l'on attache peu d'importance aux questions d'ordre commercial, si nous en jugeons par notre propre expérience. Nous espérons apprendre sous peu que cette mise en sursis est chose faite. Nous pensons que M. de Fleurac ralliera son poste voie Port-Saïd, où nous serons heureux de le revoir et de lui donner nos instructions. Au bout de quelques jours de codirection avec M. Golubzow, ce dernier pourrait nous revenir.
Nous avons eu hier une lettre de la succursale de Beyrouth, ou rien de saillant ne s'est passé depuis le retour de M. Roussel ici. Les communications postales entre l'Égypte et Beyrouth sont fort lentes par la voie officielle, et pour bien des raisons nous préférons que la correspondance entre Port-Saïd et Beyrouth, et réciproquement, soit acheminée par les unités de notre Marine.
Havas nous apprend aujourd'hui l'arrivée de l'"Edouard-Shahi" à Beyrouth le 21, et nous pensons que notre jeune succursale pourra en effectuer le déchargement aussi rapidement que le permettront les circonstances.
Un officier de l'entourage de l'amiral Varney, arrivé ici hier, nous dit que la question monétaire reste toujours aussi tendue, le Haut-Commissaire attendrait l'arrivée d'un conseiller financier, qui lui est annoncé, pour régler cette question au mieux de nos intérêts nationaux et de ceux du pays occupé. Il est probable que ce conseiller s'occupera également de la question bancaire. Nous en avons parlé ici avec le directeur de la branche du Comptoir d'escompte, qui est Italien (comme d'ailleurs celui du Crédit lyonnais) mais il ne saurait intervenir dans une question de ce genre, et comme ce que nous lui en disons ne paraissait pas l'intéresser directement, nous n'avons pas insisté.
Si nous n'y prenons pas garde, nous verrons la banque Cox installée à Beyrouth bien avant aucun établissement français.
Veuillez agréer, Messieurs, nos bien sincères salutations.

[Signature illisible]


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