1915.10.27.De Worms et Cie Le Havre.01
Worms & Cie
Le Havre, le 27 octobre 1915
Messieurs Worms & Cie Paris
Messieurs,
Syndicat central des importateurs. - Nous vous avons mis au courant ce matin de la séance de notre Chambre syndicale d'hier au cours de laquelle M. Auger, de Bolbec, importateur par Le Havre, nous a sur sa demande, et de la part du Syndicat central, entretenu des dispositions prises à Paris et qui intéressent tous les ports du réseau de l'État compris entre Dieppe et Bordeaux, pour répondre à la demande fort pressante du ministre des Travaux publics, audit Syndicat central, d'assistance pour la livraison de commandes de combustibles qui seraient transmises par ce département.
Nous n'entrerons pas - le temps nous faisant d'ailleurs défaut aujourd'hui - dans l'examen des considérations qui auraient pu conduire les importateurs à refuser ce concours puisque dans les circonstances actuelles il ne pouvait pas être question de se récuser, mais seulement d'examiner comment ce concours pouvait être donné sans nuire aux intérêts immédiats des importateurs et de leur clientèle habituelle.
Dans l'entrevue qu'a eue le 16 courant la délégation du Syndicat central avec M. Weiss au ministère des Travaux publics, il a été paraît-il posé quatre conditions :
1° - qu'il y aurait entente absolue entre les divers ministères : Guerre, Marine, Commerce, Travaux publics, et aussi les Chemins de fer de l'État, pour faciliter la tâche du Syndicat central,
2° - que le gouvernement devrait désormais s'abstenir de réquisitionner les navires affectés au trafic des charbons, qu'il s'agisse de vapeurs appartenant aux importateurs ou affrétés en time-charter,
3° - que les sursis d'appel pour le personnel des chantiers et usines à briquettes continueraient à être accordés avec accentuation de ces facilités dans la mesure compatible avec les exigences de la Défense,
4° - que les wagons seraient fournis en plus grand nombre que présentement.
Il vous est de suite apparu comme à nous-mêmes - dès que vous avez entendu l'énoncé de ces quatre conditions - que les deux dernières pourraient facilement jouer comme représailles contre les maisons qui faisant partie du Syndicat des importateurs, ou n'en faisant pas partie, auront refusé de se mettre sur les rangs.
Étant entendu que cela n'équivaut nullement pour nous à une adhésion au Syndicat central, vous avez jugé qu'il était prudent que nous fassions comme le reste des importateurs du Havre, c'est-à-dire que nous nous déclarions prêts, naturellement avec toutes les réserves nécessaires, à prendre quand nous le pourrons, dans la proportion où cela nous sera possible et pour les catégories que nous importons, les commandes qui pourront être réparties entre les importateurs du Havre.
Seules deux Maisons de notre place sont affiliées au Syndicat central : la Société de houilles et la Société d'affrètements. M. Aicard représentant déjà Saint-Nazaire et Nantes, dans la réunion du 16 et en l'absence de l'intéressé, on a nommé M. Gorchs, représentant pour Le Havre.
Il paraît qu'il a mis comme condition à son acceptation finale que lesdits importateurs lui confirment leur acceptation, ce qui ne fait pas de doute puisque les autres Maisons du Havre ne sont pas affiliées au Syndicat central et qu'on tient à ce que les réunions de quinzaine notamment pour l'établissement des prix puissent grouper des mandataires habitant Paris.
Nous vous remettons sous ce pli copie du procès-verbal de la réunion du 16, nous allons obtenir celui de la réunion du 5 dont nous vous remettrons également copie.
Il a été entendu que lorsque nous saurions exactement quelles seront les fonctions du mandataire, notre Chambre syndicale locale demandera à Monsieur Gorchs de vouloir bien accepter d'être son lien avec le Comité de Paris.
Il nous reste à connaître le fonctionnement pratique envisagé pour la remise à l'exécution des commandes, leur mode de paiement, etc. c'est ce qui sera probablement discuté dans la réunion qui va avoir lieu à Paris le 29.
Vous nous avez dit préférer ne pas avoir à entretenir à nouveau M. Aicard de cette question, et comme vous tenez à rester en dehors du Syndicat central, notre concours sera donné au même titre que la Maison Remy, la Maison Acher Proux & Cie, et toutes les autres qui ne sont pas affiliées, ce qui nous dispense de faire aucune communication particulière.
Il n'y a pas de doute que rien ne sera changé, et que ne pouvant déjà pas arriver les uns et les autres à satisfaire notre clientèle habituelle, nous ne pourrons pas faire le tour de force que l'organisme puissant du réseau de l'État n'a pu de son côté réaliser, mais ce que M. Claveille et autres poursuivent sera certainement obtenu, à savoir qu'on ne pourra plus mettre sur le dos de l'État l'incapacité d'exécuter les commandes qu'il a prises et qu'il est obligé de continuer à inscrire.
Nous voudrions bien savoir ce qu'il va advenir des quantités importantes de charbons achetées par les Chemins de fer de l'État, et nous pensons que le Comité de Paris ne va pas manquer de stipuler qu'il ne faudrait pas que pendant qu'on demandera aux importateurs d'exécuter des commandes, l'État pourra continuer à exécuter celles qu'il aura eu des raisons de conserver et de persévérer à rechercher.
Veuillez agréer, Messieurs, nos salutations empressées.
Frémont