1945.00.De la direction générale des Services charbons.Note (sans date, ni émetteur ni destinataire)
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Le PDF est consultable à la fin du texte.NB : Note non datée, classée en 1945, dans la mesure où les informations les plus récentes données dans le texte se rapportent à l'exercice 1944.
Direction générale Services charbons
En 1941, le département "Charbons" de la Maison Worms entreprit un certain nombre d'exploitations forestières dans le but de ravitailler la population en bois de chauffage et les véhicules à gazogène en charbon de bois. Pour la fabrication de ce dernier combustible et des sous-produits dérivés, elle racheta également une petite usine de carbonisation au Haut-Mauco (Landes) qui demandait toutefois à être entièrement rénovée avant d'assurer une production normale. A cette époque les autorités occupantes ne s'intéressaient pas au charbon de bois, les véhicules militaires fonctionnant tous à l'essence ou au gas-oil et les Allemands poussant à fond pour le secteur civil l'équipement avec leurs gazogènes à bois Imbert. Ce n'est guère qu'au début de 1943 que la pénurie des combustibles liquides amena les Allemands à équiper ou à réquisitionner des véhicules militaires munis de gazogènes à bois ou à charbon de bois. L'organisme spécial : Gruppe Feste und Gasförmige Kraftstoffe (GFGK) fut créé au printemps 1945 pour pousser à fond la production en France des combustibles pour gazogènes et cet organisme imposa à tous les producteurs recensés des livraisons qui absorbaient dans la plupart des cas la totalité des productions officiellement déclarées. Le commissaire administrateur de la Maison Worms, étant en relations personnelles avec le directeur du GFGK, ce dernier insista à diverses reprises auprès de nous de façon pressante pour que nous développions notre production, surtout en bois de gazogènes. Or, nous avions commandé, à titre d'essai, avant la création du GFGK, deux découpeuses mécaniques à bois pour le ravitaillement des gazogènes civils. A partir du moment où le GFGK s'intéressa à cette production, non seulement nous ne commandâmes pas de nouveaux appareils, mais même nous annulâmes une des deux découpeuses commandées et notre production resta faible ainsi que le montre le tableau ci-dessous. En ce qui concerne le charbon de bois, ce tableau indique pour une année : d'août 1943 à août 1944, les impositions allemandes, les livraisons effectuées et la production de nos divers chantiers. Il en ressort que nos livraisons aux armées d'occupation ont été très inférieures à la fois aux impositions du GFGK et à notre production. Pour certaines de nos succursales il y a eu en outre de petites réquisitions par de petites unités locales dont nous n'avons pas ici la trace. Une très large part de notre production a toujours été réservée aux besoins civils français et notamment aux organismes d'intérêt public, comme la préfecture de la Seine, le Secours national et la Croix rouge.
Au Haut-Mauco, à partir du moment où nous avons senti l'intérêt que portaient à la production les autorités occupantes, rien n'a été fait pour activer à la réfection de l'usine et les deux nouveaux fours achevés (sur 6 à construire) n'ont pas encore été mis à feu.
Août 1943 à août 1944 inclus
1° Charbon de bois
| Impositions allemandes | Livraisons | Production - août 1943 à fin juillet 1944 |
Domats/Tonnerre | 803 t. | 456 t. | 730 t. |
Orne/Eure | 735 t. | 543 t. | 1.096 t. |
Nantes | 20 t. | 20 t. | 172 t. |
Saint-Cyprien | 90 t. | 31 t. | 292 t. |
Bordeaux | ? | 22 t. | * 5 t. |
Haut-Mauco | 55 t. | 23 t. | 178 t. |
Auberive | 40 t. | - | - |
Bayonne | - | - | 197 t. |
Angoulême | - | - | 82 t. |
Le Havre | - | - | 51 t. |
1.743 t. | 1.095 t. | 2.803 t. |
* Livraisons ex-achats extérieurs.
2° Bois Gazo
| Impositions allemandes | Livraisons | Production - août 1943 à fin juillet 1944 |
960 t. | 408 t. | 1.356 t. |
Nous ajouterons qu'aux risques et périls de nos dirigeants et de nos chefs de chantier (deux d'entre eux ont été emprisonnés pendant un mois), nos exploitations ont servi de refuge à de nombreux jeunes gens, réfractaires du STO, prisonniers évadés, dont nous nous efforcions - avec le concours des Eaux et Forêts et des services de main d'uvre - de régulariser la situation.