1944.11.08.De Aimé Lepercq - ministre des Finances.Au juge Georges Thirion.Déposition

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Audition de Monsieur Aimé Lepercq

L'an mil neuf cent quarante quatre, le 8 novembre, nous, Georges Thirion, Juge d'instruction à la Cour de justice, assisté de Lombard, greffier, nous sommes transportés au ministère des Finances, où avons entendu en son cabinet :
Monsieur Lepercq Aimé, ministre des Finances, lequel, serment prêté de dire la vérité, dépose :
J'ai été arrêté le 8 mars 1944. Je me suis trouvé rue des Saussaies dans la même cellule d'attente que Gabriel Le Roy Ladurie que j'avais précédemment rencontré deux fois, à Prague avant la guerre et à Paris en 1943, chez des amis communs. Nous sommes restés également pendant 24 heures dans la même cellule aux prisons de Fresnes. Au cours des conversations que j'ai eues avec Monsieur Gabriel Le Roy Ladurie, avec lequel je me suis senti immédiatement en confiance, je l'ai mis au courant de mon activité secrète.
Monsieur Gabriel Le Roy Ladurie qui fut libéré quelques jours plus tard, se mit aussitôt à la disposition de ma famille pour orienter ma défense. D'après les renseignements que j'ai recueillis, j'ai su qu'il avait réussi à faire passer mon dossier de la Gestapo au Tribunal militaire, ce qui m'évitait d'être déporté et me permettait d'obtenir un régime meilleur.
Le 14 août, la Gestapo avait cependant obtenu du général commandant le Grand Paris, qu'il signe en ce qui me concerne un ordre de déportation qui s'appliquait également à trois de mes camarades - Rebeyrolles, actuellement membre de la Commission consultative, Gallois, directeur au ministère de l'Intérieur et Rouze, membre du Comité de libération du onzième arrondissement. Grâce à l'intervention de Le Roy Ladurie cet ordre n'a pas été exécuté, le dossier ayant été volontairement perdu et nous avons été libérés tous les quatre les 16 et 17 août 1944.
Je me porte garant des sentiments patriotiques de Monsieur Le Roy Ladurie qui, j'en suis convaincu, a résisté aux Allemands et n'a usé de ses relations avec eux que dans un sens favorable aux intérêts français.
Lecture faite, persiste et signe.

Aimé


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