1944.12.07.De Victor Duret - SFTP.Au juge Georges Thirion.Déposition
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Le PDF est consultable à la fin du texte.NB : Ce document provient d'un dossier intitulé "Département maritime" et daté du 7 décembre 1944.
7 décembre 1944
Déposition de Monsieur Duret
L'an 1944, le 7 décembre, devant nous, Thirion, juge d'instruction au Tribunal de première instance de la Seine, assisté de Lombard, greffier, a comparu :
Monsieur Duret, Victor, 51 ans, directeur général de la Société française des transports pétroliers (SFTP), demeurant à Paris, 19, rue de l'Odéon, témoin qui, serment prêté conformément à la loi,
dépose :
La Société que je dirige et qui a pour président, Monsieur Worms, est une société à économie mixte, dont 30% du capital appartient à l'État. La maison Worms a 21% environ du capital mais a été chargée par l'État de la gérance technique et commerciale. La société a été fondée en 1938 à la demande et avec le concours de l'État. En 1939, elle avait huit bateaux en propre et, en outre, elle assurait la gérance :
1/ de quatre bateaux appartenant à l'État,
2/ de deux bateaux appartenant à la Société de courtage et transports.
A la déclaration de guerre, tous ces navires ont été affrétés par la Direction des transports maritimes, la société n'en ayant que la gérance technique et d'armement.
Lors de l'armistice, cinq navires se trouvaient dans des ports contrôlés par les Anglo-saxons ; deux se trouvaient à la Martinique, quatre se trouvaient dans des ports de l'Afrique du Nord et trois se trouvaient en grosses avaries dans des ports français. L'exploitation des trois navires qui se trouvaient en Afrique a été reprise en 1941-1942 pour le compte de la Direction maritime.
En novembre 1942, un seul navire se trouvait en Afrique du Nord et deux autres à Marseille, et la situation du reste de la flotte n'avait pas été modifiée. En 1943, lorsque la Martinique est passée sous le contrôle américain, les deux navires qui s'y trouvaient ont été mis à la disposition des Alliés.
En ce qui concerne les deux navires qui se trouvaient dans les ports français, leur gérance a été enlevée à la société par la Direction des transports maritimes qui, en exécution des accords Laval-Kauffmann, les a mis à la disposition des Allemands. Nos navires en avaries sont restés pendant toute la guerre dans la même situation.
Au moment de la Libération la situation était la suivante : huit bateaux étaient à la disposition des Anglo-américains, deux étaient utilisés par les Allemands ; l'un d'eux avait d'ailleurs été coulé, et quatre étaient en avaries.
En résumé la SFTP n'a jamais travaillé pour le compte de l'ennemi, et les seuls rapports que de fait elle a eus avec lui résultent des instructions qu'elle avait reçues de la Marine marchande ; les deux bateaux qui ont navigué pour les Allemands étaient sous pavillon allemand et armés par des équipages allemands.
Et signe après lecture.
Pièce jointe au procès-verbal
Situation de la flotte de la Société française des transports pétroliers
Tableau de données au moment de l'armistice, en novembre 1942 et en août 1944.
[Voir PDF.]