1940.02.06.De Henri Nitot.Paris.A Hypolite Worms.Londres

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Paris, le 6 février 1940

Note pour M. Worms

La réalisation du programme de construction de navires de commerce envisagé par le ministère de la Marine marchande va se heurter à de nombreuses difficultés non seulement pour l'approvisionnement des matériaux métallurgiques (le carnet de commandes du Comptoir sidérurgique atteint actuellement trois ou quatre fois la capacité de production) mais encore pour l'approvisionnement des appareils auxiliaires. Il y a donc lieu de rechercher immédiatement quel concours nous pouvons trouver en Grande-Bretagne pour la construction de ces appareils.
Nous rappelons que pour la série des navires "Indochinois", "Malgache" et "Calédonien", la totalité des auxiliaires avaient été commandés en France, par contre pour la série des "Danaé", "Phryne" et "Égée", pour les pétroliers du type "Shéhérazade", pour les navires du type "François L.D.", pour les charbonniers de 2.750 T, un nombre important d'auxiliaires avaient été commandés en Angleterre, ce qui avait d'ailleurs procuré en son temps une économie de prix substantielle.
A l'heure actuelle et étant donné l'énorme encombrement des constructeurs français d'appareils auxiliaires par suite des commandes de la Marine militaire, nous pensons qu'il serait de sage politique de commander en Grande-Bretagne pour les charbonniers de 3.500 T et de 2.750 T ainsi que pour les pétroliers au moins les mêmes auxiliaires que ceux approvisionnés à l'étranger pour les constructions précédentes, mais en outre il semble qu'il faudrait également commander en Grande-Bretagne un certain nombre d'auxiliaires des nouveaux "Indochinois".
Nous avons l'intention de prendre contact avec la Marine marchande incessamment pour connaître sa réaction sur les idées ci-dessus exposées, mais en attendant nous aimerions beaucoup savoir :
1°- si les récentes mesures prises en Grande-Bretagne mettant les constructions de commerce sous l'autorité de l'amirauté entraîneront pour les constructeurs d'appareils auxiliaires une subordination parallèle aux ordres de l'amirauté, si par conséquent des licences auraient à être obtenues pour la fabrication des appareils auxiliaires destinés à des navires de commerce construits en France ;
2°- si vous estimez que les prises de contact avec les constructeurs anglais d'appareils auxiliaires doivent être réalisées directement pour chaque chantier chef de file comme nous avions l'habitude jusqu'à présent, ou bien s'il conviendrait plutôt que quelqu'un se chargeât de la centralisation de toutes les commandes d'auxiliaires qui auront à être passées en Grande-Bretagne et que les pourparlers avec les fabricants anglais soient entrepris à Londres sous l'égide de la commission franco-britannique.


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