1943.10.21.PV réunion.Syndicat professionnel du personnel de la Maison Worms & Cie

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Syndicat professionnel du personnel de la Maison Worms & Cie

Procès-verbal de la réunion du comité syndical siégeant en assemblée générale le 21 octobre 1943

Répondant à la convocation du président Roger Millot, en date du 8 octobre 1943, le comité syndical s’est réuni à Paris. 41. Bd Haussmann, le 21 octobre 1943 à 15 heures.
Étaient présents :
MM.
Ameline de Nantes
Bosmans du Havre
David d’Angers
Donnet du Havre
Dubourg de Bordeaux
Leroux de Paris
Millot de Paris
Pène de Bayonne
Poirot de Rouen
Rambaud de Marseille.
En ouvrant la séance, le président Millot exprime ses souhaits de bienvenue aux délégués et passe à l’ordre du jour.

Comité social
Le président fait un très large exposé sur la création du comité social général des services charbons et précise les raisons qui ont guidé le choix des délégués du syndicat devant siéger au comité social. Il était nécessaire que chacune des succursales soit représen­tée et que chaque catégorie y figure dans la proportion suivante :
4 représentants des cadres
4 représentants des employés
La composition du comité social tel qu’il figurera à l'as­semblée inaugurale du lendemain 22 octobre 1943, est la suivante :

Employeurs

Cadres

Employés

Ouvriers

MM. Worms

Ameline

Alifa

Bergeron

Barnaud

Bosmans

Mle Le Galliard

Bernardot

Labbé

Pène

Leroux

Deschamps

Vignet

Rambaud

Poirot

Labourdique


M. Millot demande à l’assemblée de ratifier les désigna­tions des délégués devant siéger au C.S.
Les désignations ou élections de Melle Le Galliard, de MM. Alifa, Ameline, Bernardot, Bosmans, Leroux, Pène, Poirot, et Rambaud sont ratifiées à l’unanimité.

Démissions
Le président Millot annonce à l’assemblée son départ de la Maison Worms entraînant sa démission du syndicat.
M. David est également dans l’obligation de donner sa démis­sion de vice-président, du fait que, depuis sa nomination à Angers, il ne représente plus la section du Havre et que, d’autre part, An­gers se trouve rattachée à la succursale de Nantes.
M. MiIlot remercie M. David de sa collaboration et regrette de le voir contraint par les circonstances à s'éloigner du syndicat, mais que néanmoins il pourra apporter son concours au comité social en devenant l'animateur d’une des commissions d'études.
M. Pène prend la parole et au nom de l'assemblée remercie le président Millot pour le dévouement inlassable avec lequel il a dirigé le syndicat.
Les démissions du président Millot et du vice-président David sont acceptées et l'assemblée leur donne quitus à l'unanimité.

Élections
L'assemblée doit pourvoir les sièges de président et de vice-président devenus vacants.
Aucune candidature n'est posée. Le président Millot présente pour sa succession au fauteuil présidentiel M.Bosmans, délégué nou­vellement élu de la section du Havre.
M. Bosmans est élu à l'unanimité à mains levées président du syndicat.
M. Dubourg est sollicité pour occuper la vice-présidence.
À mains levées, M. Dubourg est élu à l'unanimité vice-pré­sident.
Par suite de la nouvelle nomination de M. Dubourg, le siège de secrétaire-adjoint est devenu vacant.
M. Donnet, délégué du Havre, est élu à l'unanimité secrétaire-adjoint.
À la suite de ces remaniements, le nouveau bureau syndical est ainsi constitué :
MM.
Bosmans : président
Dubourg : vice-président
Leroux : secrétaire général
Ameline : trésorier général
Donnet : secrétaire adjoint
Pène : trésorier adjoint

Modifications des pouvoirs pour le fonctionnement de notre compte chèques
À l'unanimité le comité syndical donne pouvoirs à MM. Bosmans, président, Ameline, trésorier général et Leroux, secrétaire général, pour faire toutes opérations sur le compte chèques du syn­dicat, ouvert chez MM. Worms & Cie, services bancaires, sous le n° 1488, étant entendu que deux signatures sur les trois sont nécessai­res pour engager la responsabilité du syndicat.
L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 18 h.15.
À 18 h 20, M. Millot présente le comité syndical et le nou­veau bureau à M. Labbé qui souhaite la bienvenue à chacun. Notre directeur général M. Vignet assiste à cette entrevue.
Le président Millot commente les travaux de l’assemblée au cours de cette journée et passe la parole aux délégués ayant des remarques particulières à formuler.
M. Pène insiste à nouveau sur le malaise qui pèse sur le personnel, dû au coût de la vie toujours croissant et qui devient dramatique pour les budgets modestes.
M. Rambaud, auteur d’une étude remarquable sur le coût de la vie à Marseille en 1943 comparé à celui de 1939, basée sur un grand nombre d’articles de première nécessité, faisant ressortir une augmentation considérable, demande à M. Labbé de bien vouloir se pencher sur ce problème angoissant.
M. Poirot demande s’il ne serait pas possible d’envisager une prime de bombardement telle qu’elle est accordée dans certaines entreprises.
Et pour terminer, M. Dubourg signale que ses collègues de Bordeaux l’ont chargé de la mission d’obtenir le transfert des bureaux vers un lieu moins exposé aux bombardements éventuels.
Cette dernière demande ayant provoqué un léger sourire général M. Dubourg ajoute que cette question déjà présentée au directeur de Bordeaux a été accueillie par une fin de non recevoir et convient qu’il ne pouvait en être autrement.
En effet cette demande ne saurait être prise en considération du fait que la sécurité n’existe pratiquement nulle part.
En réponse aux deux premiers voeux, M. Labbé assure aux délé­gués que la question des salaires est à l’étude et qu’une solution interviendra prochainement.
En ce qui concerne la demande de M. Poirot, M.Vignet signa­le que cette prime de bombardement accordée dans quelques entreprises et pour des secteurs particulièrement exposés a, depuis, été suppri­mée par décret.
L’entrevue prend fin à 19 heures.

Paris, le 21 octobre 1943
Le président sortant :
R. Millot

Le président :
A. Bosmans

Le secrétaire général :
P. Leroux

Sur une réunion extra syndicale

Profitant de la présence à Paris d’un assez grand nombre d’entre eux, les délégués ayant appartenu à l’ancien syndicat professionnel du personnel de le Maison Worms & Cie, se sont trouvés réunis le 21 octobre 1943 dans l’une des salles du restaurant « Ie Régent ».
Réunion officieuse, mais qui mérite une mention spéciale par son caractère particulier, autant que par le souvenir qu’en doivent garder ceux qui y participèrent de près ou de loin.
Roger Millot, le président, l’ami, quittait la Maison ; la nou­velle était connue depuis quelque temps et à peine avait-on pu l’admettre que la réaction s’était produite, aussi spontanée qu’unanime : il fallait qu’il emportât un témoignage de l’affectueuse sympathie de ses équipiers de la pre­mière heure.
C’est ainsi que fut organisée cette soirée, ce dîner auquel assistèrent, tant en leur nom qu’au nom de leurs camarades absents, tous ceux qui eurent le privilège de connaître et apprécier les hautes qualités de celui qui dirigea leurs travaux pendant tant d’années.
À côté de monsieur Simoni, qui avait tenu à se joindre à nous, Millot présidait une table, servie avec simplicité, mais autour de laquelle ne cessa de régner l’habituelle atmosphère de cordiale et franche amitié, nuancée cependant d’une certaine mélancolie.
Au dessert, monsieur Vincent portant un toast à notre président exprima les regrets unanimes qu’inspirait son départ et combien serait sensi­ble le vide qu’il laissait parmi nous.
Retraçant à grands traits l’histoire de l’œuvre à laquelle il prit lui-même une si large part, monsieur Vincent rappela tout ce que le syndicat doit à l’action éclairée, à l’énergie et à la foi de son président. Vos disciples dit-il, en conclusion, communient aujourd’hui dans une même pen­sée, pensée d’affectueuse gratitude, de fidélité à votre exemple et tous leurs voeux vous accompagnent pour une brillante réussite dans vos nouvelles fonc­tions.
À son tour, le doyen de l’assemblée, monsieur Pène, apporta à notre ami le témoignage de la sympathie de tous et de sa particulière ami­tié et exprima l’espoir qu’il continuera indirectement à nous aider de son expérience et de ses conseils.
Enfin, monsieur Leroux, remit au président le modeste présent par lequel dit-il, tous ses amis avaient voulu marquer de façon durable la permanence du souvenir qu’il laisserait, en partant, au coeur de tous.
Le recueil des oeuvres de Villon sur lequel le choix s’était arrêté, flatta vivement le goût de notre ami qui plus encore qu’à la valeur artistique de l’édition, se montra très sensible à l’intention qui en inspi­ra le choix. Visiblement ému, Millot prit alors la parole pour exprimer la joie qu’il venait d’éprouver et en remercier tous ceux à qui il la devait. Puis, dans une de ces improvisations dont il a le secret, ayant évoqué le souvenir des années où le syndicalisme, nouveau venu dans la Maison, cherchait sa voie, il dit les satisfactions qu’il connut lorsque s'établirent progres­sivement cette collaboration confiante entre le personnel des deux principaux départements de la Maison et les liens d'amitié qui ne tardèrent pas se créer au sein des conseils syndicaux.
Analysant l’évolution sociale actuellement en cours, : MiIlot en dégagea magistralement les leçons et les espoirs et ce fut pour son audi­toire attentif l'occasion de recueillir encore de précieux conseils. Intimement pénétré de la prédominance du facteur humain dans toute tentative d’organisa­tion économique, c’est d’abord dit-il au coeur des hommes qu’il faut s’adresser et c’est ce qui fait la beauté de l’apostolat du militant car il rencontre dans cette voie, auprès de la masse des salariés, les résonnances les plus profondes. Il faut, conclut Millot, que le patronat soit éclairé sur la valeur de cet aspect humain des problèmes sociaux, qu’il connaisse exactement les réac­tions et la sensibilité du personnel, c’est au sein de vos comités sociaux, ces magnifiques instruments de concorde sociale que vous a apportés la charte, que vous devez poursuivre inlassablement votre action, consacrez-y tous vos efforts, mettez-y tout votre coeur et votre foi, bien des obstacles et des difficultés vous attendent encore, mais la récompense viendra, elle sera à l’échel­le de la peine que vous aurez su prendre.
 

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