1918.08.14.De Henrique Ciriaco Gouvèa.Rapport de mer
Las Heras
Rapport de mer
Le 14 août 1918, à bord du remorqueur français "Las Heras" dont les Armateurs sont MM. Worms & Cie, bd Haussmann 45, Paris, le capitaine Henrique Ciriaco Gouvèa, en rade du port de Lisbonne, déclare le suivant :
Le 18 juillet 1916 sorti du port de Saint-Etienne à destination de Gibraltar.
Le 25 juillet à 19 heures à la latitude de 28,39 N et longitude 11,16, OG, ayant épuisé mon charbon à bord, j'ai accosté à la Goellette "Bermudes" remorquée par mon navire, afin de prendre le charbon nécessaire pour suivre mon voyage jusqu'à Gibraltar.
Le même jour, à 23 heures, le vapeur ne pouvant résister contre la Goellette à cause du mauvais temps, ayant aussi brisé les boussoirs du canot à bâbord, j'ai résolu relâcher au port le plus près, qui était le Cap Ghir, où j'ai mouillé à 19 heures le 27 juillet.
Sorti le jour suivant à 8 heures à destination de Gibraltar où j'ai mouille le 2 août à 9.30.
Je suis reparti pour Lisbonne le 8 août à 4.30 après avoir reçu les instructions nécessaires de M. l'attaché naval de Gibraltar.
Ces instructions étaient pour naviguer pendant le jour, le plus près possible de la côte espagnole et la nuit, ne pas distancier plus de 3 miles.
Jusqu'au 10 août, j'ai navigué sans aucune difficulté, mais à 4.30 du même jour, j'ai échoué sur le sable à l'entrée du port de Huelva.
A cette occasion la goélette "Bermudes" n'a pu arrêter sa marche à temps de manière qu'elle est venue contre moi en m'enlevant le canot de bord et les boussoirs.
J'ai immédiatement donné mes ordres pour marche arriére et le cable de remorque s'est embrouillé à l'hélice, ayant occasionné une grande secousse au navire et brisé trois portes situées au dessus des machines.
Après avoir retiré le cable autour de l'hélice, ,j'ai mis mon navire doucement arrière et continué mon voyage, mais à 7 heures le cable s'est brisé et après avoir mis un autre à sa place, j'ai suivi mon voyage jusqu'à Lisbonne ou je suis arrivé le 12 à [...] heures sans autres difficultés.
Pendant le voyage jusqu'à ce port j'ai trouvé une différence assez sensible sur la trépidation du navire, ce qui me porte à croire qu'il y a quelque avarie à l'hélice.
En raison de ces circonstances qui ont entraîné des avaries, je fais toutes mes réserves pour toutes les avaries pouvant être découvertes quand il sera possible de s'en rendre compte me réservant le droit d'amplifier mon rapport si besoin est.
Bord, Lisbonne, le 14 août 1918