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Worms & Cie
7, allées de Chartres

Bordeaux, le 10 décembre 1915
MM. Worms & Cie Paris

Messieurs,
Nous vous confirmons notre lettre de ce jour.
Nous avons eu un nouvel entretien avec le colonel Chambeau qui se déclare prêt et autorisé par le ministère, à prendre non seulement le "Château-Lafite", mais encore le "Château-Latour", si ces deux navires se trouvaient disponibles dès maintenant.
M. Chambeau aurait, en effet, nous a-t-il dit, à assurer le transport de Bordeaux sur Dunkerque, de 20.000 tonnes de marchandises par quinzaine, mais il calcule seulement, à cause des défections, sur 15.000 tonnes. Or, nos vapeurs n'enlèvent guère, par quinzaine, que 5 à 6.000 tonnes au maximum. Il faut donc qu'il trouve une solution pour acheminer la grosse quantité que nous ne pouvons pas transporter.
La solution qu'envisage l'intendant et au sujet de laquelle il a beaucoup insisté auprès du ministère, serait la suppression du privilège de pavillon, et il nous a dit ce matin que la direction de la Marine marchande lui aurait fait savoir que, d'après la législation, le gouvernement français était parfaitement autorisé à affréter des vapeurs de pavillon étranger, à condition qu'ils soient chargés en totalité pour le gouvernement.
Nous vous transmettons le renseignement tel qu'il nous a été donné, sans en garantir la valeur.
Nous devons cependant retenir de cet entretien et surtout de nos excellentes relations avec tout le service de l'intendance, qu'il y aura lieu de mettre à la disposition du colonel Chambeau, le "Château-Latour" dès qu'il sera prêt à prendre la mer, à moins que la situation ne vienne à se modifier notablement d'ici là.
Vous pouvez compter sur nous pour suivre attentivement tout ce qui se passera.
Nous avons fourni ces mêmes renseignements à la Maison du Havre.
Veuillez agréer, Messieurs, nos salutations empressées.

[Signature illisible]