1945.02.22.Du journal Combat.Article
Coupure de presse
Combat
22 février 1945
M. Pineau se défend et attaque
Mais M. Pineau fait des observations d'un autre ordre : il déclare que le groupement des farines n'a pas appliqué la consigne en matière de contrôle des boulangeries, que l'armée, gâchant les boules réglementaires, a raflé le pain civil, et qu'un peu plus d'un million de quintaux de farine ont disparu des grands moulins.
- Avez-vous prévu des sanctions ? demande-t-on à droite.
- Je pense que l'on en prendra, répond M. Pineau.
Autre observation de l'ancien ministre : la collecte du blé s'est produite en décembre dernier dans des conditions inférieures aux prévisions, par suite de l'annonce d'une dévaluation monétaire prochaine.
- Les grands propriétaires ne sont pas pressés d'effectuer les battages pour vendre leur blé plus cher, c'est-à-dire 1.100 francs au lieu de 700 et réaliser ainsi de gros bénéfices. Heureusement, le gouvernement a maintenu le prix de 700 francs et les gros producteurs, découragés, ont commencé à livrer.
En ce qui concerne la viande, M. Pineau, qui se déclare hostile à la taxation, remarque que la région parisienne a connu des difficultés parce que beaucoup de producteurs ont attendu la hausse des prix.
Il note en passant que les attributions de sucre n'ont pu être faites que grâce à un prêt de l'Angleterre, que la situation des matières grasses s'est améliorée, et que la commercialisation des pommes de terre n'a pu être bonne, étant donné la mauvaise qualité de la récolte.
A propos du vin, il se déclare partisan de la nationalisation des wagons-citernes et dénonce les négociations menées "négligemment par un ancien collaborateur de l'amiral Darlan !", chargé d'acheter des bateaux en Amérique.
- Le nom ! Le nom !
- Le Roy Ladurie, lance M. Pineau. L'ancien ministre s'élève contre le marché noir, remarque que "trop, souvent l'opinion publique prend le parti du fraudeur contre le gendarme" et que les tribunaux "n'osent pas condamner" les trafiquants.
- C'est une insulte à la magistrature, s'écrie M. Boisdon, député MRP.