1945.03.23.De Hypolite Worms.Note 01 (sans signature ni destinataire)

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NB : Note sans signature ni destinataire, issue d'un dossier contenant la correspondance échangée par Hypolite Worms avec Robert Labbé et Raymond Meynial.

Le 23 mars 1945

Havraise péninsulaire

Voyage de Bucquet à Anvers
Le rapport de Bucquet est remarquablement fait. Ne croyez-vous pas qu'il serait utile qu'il écrive à la Marine marchande, au nom de la Havraise, pour lui faire part de ses constatations sur la "Ville-de-Majunga", au sujet des questions de personnel et pour lui montrer, par des exemples vécus, la folie de la formule du "pool" des états-majors et équipages, créée à Londres et étendue à la métropole par le décret du 22 janvier 1945.
Je sais bien que ce serait une manifestation purement platonique puisque ce décret existe, mais il n'est pas mauvais de manifester une fois de plus, en montrant les résultats précis auxquels aboutissent les erreurs commises.
Même remarque pour la question des effectifs que cette lettre pourrait également soulever, puisque les tendances actuelles de la Marine marchande, ou en tous cas, les exigences des syndicats, tendent à une augmentation numérique du personnel embarqué, par rapport à 1939, alors qu'à ce moment-là les effectifs étaient déjà plus nombreux à bord des bateaux français que des bateaux étrangers. De sorte qu'en réalité, au lieu de s'améliorer, la situation s'aggrave si on la compare avec celle d'avant-guerre.

Exploitation de la ligne de l'océan Indien
Je crois qu'il serait également bon que la Havraise élève une protestation formelle auprès de la Marine marchande contre le fait que seules les Messageries (contractuelles et libres) exploitent actuellement le trafic de Madagascar et de la Réunion, avec l'aide accessoire des Chargeurs réunis dont le bateau géré par eux le "Méonia" a également navigué dans l'océan Indien, alors qu'avant la guerre la Havraise péninsulaire représentait, à elle seule, plus de 50% de la part du trafic qui appartenait à l'armement français. Bucquet devrait rendre visite à Anduze Faris en lui remettant une lettre aussi motivée que possible, ou mieux encore en faisant précéder sa démarche de cette lettre de protestation.
La Havraise péninsulaire est sacrifiée depuis par la Marine marchande et cela tient à ce qu'elle a eu le malheur de voir deux de ses administrateurs se succéder à la direction des Transports maritimes ou à la toute puissance dans les conseils de la Marine marchande.
L'un et l'autre, Gardanez d'abord, Anduze Faris ensuite - et pourtant ils ne s'entendaient pas - ont certainement essayé de se faire pardonner qu'ils sortaient de la Havraise. II n'y a pas d'autre explication d'autant plus que tous deux n'étaient animés d'aucun bon sentiment à l'égard des Messageries et qu'ils les ont malgré tout, favorisées d'une façon scandaleuse.
II faut que cela cesse et si la démarche de Bucquet n'aboutissait pas, je crois qu'il faudrait que Robert trouve l'occasion d'en dire un mot au ministre, ce qu'il peut faire au nom de la Havraise, dont il est administrateur.[1]

Sakoa
Je souhaite bonne chance à ceux qui auront le courage de mettre ce gisement en exploitation et à ceux qui construiront la ligne de chemin de fer pour amener le combustible à Tuléar, mais je reste convaincu que ce sera une faillite certaine et que le charbon de Madagascar ne pourra jamais concurrencer celui de l'Afrique du Sud.
II est certain que la Havraise a intérêt à suivre les choses de près car si le projet de mise en valeur du gisement était poursuivi, elle y trouverait des éléments de fret, mais, par contre, il est non moins certain que si la Compagnie générale des colonies, qui voudra à tout prix faire adopter son vieux crocodile empaillé - et elle est capable de réussir - demandait la participation matérielle et morale de la Havraise ou de la Maison Worms, il faudrait se défiler.

[1] Cette démarche devient inutile si, comme [Simoni] me le dit dans une note reçue cet après-midi [Chardon] a promis à Bucquet de mettre "Ville-de-Majunga" sur Madagascar à la fin de sa représentation. Mais quid de "Madagascar", deux bateaux de la Havraise sur ce trafic ne seraient pas de trop si les Messageries en ont trois...


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