1945.07.29.De Hypolite Worms.A Simone Tournier.Paris.Original
Original
29.7.45
Chère Madame,
A un de mes derniers voyages à Paris, je vous avais demandé de me faire parvenir le Daily Télégraph et le Daily Herald en même temps que le Times. Je reçois régulièrement le premier mais je n'ai jamais encore eu le Daily Herald, principal quotidien travailliste. J'y attache maintenant encore plus d'importance puisque c'est ce parti qui va dorénavant gouverner l'Angleterre. Voulez-vous avoir l'obligeance de me le faire envoyer tous les jours ?
Le Frigélux est-il maintenant prêt ? Vous savez que [...] doit me le faire parvenir par la camionnette Bardet et nous le ferons chercher à Moulins par une voiture Puzenat.
Avez-vous pensé à renvoyer à Me Doublet le papier que je vous avais signalé et qui lui manquait à notre dossier (je ne me rappelle du reste plus lequel).
D'autre part, je vois que les comptes-rendus sténographiques du procès Pétain paraîtront à l'Officiel. Veuillez m'en établir la collection complète et me les faire parvenir à l'occasion.
À son dernier passage ici, j'avais remis à Raymond la lettre que j'avais reçue d'un nommé Léon Eyral, ancien rédacteur à L'uvre, ami d'Albertini, qui a été relâché après 6 mois à Fresnes et qui me demandait de l'aider à trouver un emploi. Devant la difficulté du problème, j'avais décidé, d'accord avec Raymond, de ne pas répondre. Il revient à la charge et je vous remets, sous ce pli, sa nouvelle lettre. Voulez-vous la montrer à Raymond et lui demander ce qu'il y a lieu de faire ? Je crois que le mieux serait peut-être que vous le convoquiez par simple courtoisie ou plutôt, par sentiment d'humanité, et que vous lui expliquiez que je ne vois pas comment je pourrais l'aider en la matière, que les affaires sont complètement arrêtées, que nous-mêmes, ou les sociétés amies, avons un personnel pléthorique etc., etc.
Mais que, si nous voyons une possibilité quelconque, vous la lui signalerez. Évidemment un secrétaire de direction à L'uvre est d'un placement difficile. D'autre part je ne voudrais pas que tous les anciens camarades d'Albertini ou ceux qui faisaient partie des milieux qu'il fréquentait s'imaginent que parce que ce dernier m'a été personnellement sympathique et que j'ai gardé pour lui beaucoup d'estime et d'amitié, ils n'ont qu'à s'adresser à moi ; cela présente des problèmes insolubles quelle que soit la bonne volonté qu'on y mette, et d'autre part, cela ne pourrait être qu'inutilement et injustement compromettant.
Le Frigélux est arrivé à Moulins. Merci.
Affectueuses pensées,
HW