1944.10.21.De Hypolite Worms.Fresnes.Original
Original
21 octobre 1944
Dans votre dernière note, j'ai vu que la Maison d'Alger, débordée de besogne, refusait des consignations. Ne serait-il pas possible de lui envoyer du personnel supplémentaire ? Émo avait préparé pour la DGSM un service Consignation qui n'a absolument rien à faire, et cela pour un certain temps encore. Ne pourrait-on pas détacher [Tate] ou [Rognerud], ou n'importe qui, et les envoyer à Alger ? Il me semble lamentable de penser que l'activité d'Alger est limitée par insuffisance de moyens ; or, c'est par les consignations que nous reprendrons le plus facilement le contact avec l'étranger tant sur le plan matériel que sur le plan « moral ».
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Maître Poignard m'a dit l'autre jour qu'on lui avait demandé de prendre éventuellement la défense de Jacques Le Roy Ladurie mais qu'il allait refuser pour éviter tout malentendu avec moi. Je l'ai approuvé entièrement et je le confirme encore de la façon la plus formelle et ce, en plein accord avec Gabriel et Me Bizos ainsi que Me Lénard.
Je voudrais avoir les dates des 8 bombardements du Trait, en précisant les 2 ou 3 qui ont été les plus graves et qui ont fait le plus de dégâts au chantier même.
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Je voudrais également pour garder dans mon dossier une copie du rapport sur le Trait (avec pièces à l'appui) fait par Lénard et remise au juge d'instruction.
Au moment où du commissariat de police j'ai été amené à Drancy, Robert Labbé m'a fait signer un papier, établi par le notaire (ou Me Amiaud ?) lui donnant tous mes pouvoirs de gérant ; ce papier étant semblable à celui que Jacques Barnaud avait signé en ma faveur, au moment où, deux ou trois semaines plus tôt, il croyait qu'il allait être arrêté.
Ce pouvoir de moi à Robert était évidemment nécessaire puisque par le fait de mon arrestation il n'y avait plus d'associé gérant et qu'il fallait éviter à tout prix la nomination d'un commissaire ou d'un séquestre. C'est vraisemblablement avec ce papier que Robert Labbé et Raymond Meynial ont pu être nommés associés.
Mais maintenant qu'il y a deux associés gérants nouveaux (en dehors de moi) et que ces deux nouveaux gérants ont tous les pouvoirs, y compris ceux de nommer des fondés de pouvoirs ou d'aliéner l'actif, tous actes nécessitant deux signatures, je ne vois pas de raison pourquoi le pouvoir général que j'avais donné au commissariat de police resterait en circulation et je pense qu'il y a lieu de le détruire. Je prie donc Me Lénard de vous poser la question.
Si plus tard - et étant toujours incarcéré - il était nécessaire pour moi de donner mes pouvoirs à quelqu'un, pour un but que, du reste, je n'entrevois pas, il serait toujours possible d'établir un nouveau pouvoir pour ce but déterminé, et de me le faire signer par un de mes avocats.
A propos du rapport à faire rapidement sur la Commerzbank, je me demande - et je le suggère à Me Lénard - s'il ne serait pas désirable d'offrir à l'expert de mettre à sa disposition un de nos collaborateurs pour dépouiller avec lui les dossiers si volumineux et lui donner toutes explications sur chaque affaire. Dans ce cas, et s'il en était d'accord, je suggère que Guy B. soit mis à sa disposition. Ceci pour hâter le travail et assurer qu'il ne pourra pas y avoir, de sa part, erreur d'interprétation sur les opérations financières faites avec la Commerzbank.