1944.11.06.Des Services charbons.Rapport

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Direction générale des Services charbons

Paris, le 6 novembre 1944

Département charbons

Les événements gui se sont déroulés depuis août/septembre ont réduit à peu près à zéro le peu d'activité qui nous restait sur le plan charbonnier. Le seul point satisfaisant est que nos installations ont, dans l'ensemble, peu souffert.

Paris
Sur le plan charbonnier, situation inchangée.
Aux activités annexes, le chantier de Tonnerre fonctionne normalement, avec toutefois une réduction de production consécutive à la mauvaise saison. La demande de charbon de bois reste forte. Les allocations de combustibles liquides étant très faibles, pour une période qui semble devoir se prolonger, les camions à gazogènes continuent à être les seuls utilisables et les constructeurs de gazogènes signalent une recrudescence de commandes. Nous nous préoccupons donc de prolonger pour six mois ou un an nos chantiers de carbonisation par l'achat de quelques coupes, ou de préférence de bois déjà abattu. A Châteauvillain, où nous travaillons en compte à demi avec les Dérivés du bois, la production est de l'ordre de 3 tonnes-jour et le stock de bois considérable. Il a été vendu en octobre 2 fours Turpin.

Dieppe
Immeuble réquisitionné par le commandant du port. Chantier endommagé mais assez facilement réparable. Activité nulle.

Le Havre
Pas de nouveaux dommages malgré les destructions effroyables dans la ville et le port. On procède à la remise en état de l'usine qui pourrait tourner dans une quinzaine de jours, mais pas d'arrivages en perspective. Le quai Colbert est effondré sur la moitié environ de sa longueur et le bassin Vauban est rendu inaccessible par un batardeau, construit en vue de maintenir un niveau d'eau à peu près constant pour les condenseurs de la centrale électrique. Par contre le quai du Garage de Graville est intact et son accès, par le bassin Vétillart, devrait être prochainement dégagé.
Notre petit dépôt d'huiles combustibles de Graville est utilisé par l'armée américaine comme station-service pour l'alimentation de ses camions, en vrac et en bidons.
Activité charbonnière nulle.
La carbonisation dans l'Orne a été reprise au début de septembre et marche normalement. Le stock de bois sera prochainement épuisé, M. Bédel cherche - sans succès jusqu'à présent - de nouvelles coupes ou du bois abattu pour prolonger son exploitation de six mois.

Nantes
Pas de nouvelles de la tourbière de Crossac, toujours dans la zone d'occupation allemande. La succursale a comprimé au maximum son personnel et mis en veilleuse l'agence d'Angers.

Tours
La succursale charbons, qui a des stocks de bois en forêt, a été paralysée par la réquisition ou les avaries de son matériel roulant. Nous avons pu l'approvisionner en pièces de rechange et elle reprend aujourd'hui ses transports de bois.
La scierie de Tours est détruite par bombardement; la petite scierie de Chemillé-sur-Dême a pu être rééquipée et doit démarrer le 20 courant.

Bordeaux
Nos installations sont intactes, comme du reste tout le port, mais celui-ci demeure inaccessible et les arrivages de charbon français sont à peu près nuls. On liquide des stocks en chantier (1.600 tonnes en septembre). Les voies ferrées entre Bordeaux et les mines du centre-midi étant en état et ces mines pouvant être alimentées en poteaux, un certain trafic charbonnier devrait se rétablir au cours des prochaines semaines.
Le département forestier a repris vers le milieu de septembre une activité normale. Un gros stock de sciages (800m3) a pu être facturé au service des constructions provisoires. 35 wagons de poteaux de mines ont été expédiés en octobre, le programme prévu étant de 25 à 30.
L'agence de Saint-Cyprien a été largement pillée, les camions réquisitionnés, le transformateur de la scierie enlevé. La carbonisation a été reprise en octobre, on recherche un nouveau transformateur.

Angoulême
Le chantier en gare a été détruit par deux bombardements successifs. Un peu de charbon arrive sur un chantier de fortune.
Le service forestier travaille avec bénéfice.

Bayonne
Le port est intact à l'exception d'un quai endommagé par une mine flottante. Son accès est rendu difficile par une quinzaine d'épaves mais de petits vapeurs de 1.000 tonnes peuvent remonter jusqu'au Boucau. La succursale a maintenu une certaine activité jusqu'à fin octobre en livrant pour compte ORC des stocks allemands et en fabriquant des agglomérés avec des fines et du brai en stock, mais ces stocks sont maintenant épuisés. La direction des Mines a établi un programme d'approvisionnement des usines d'agglomération pour novembre au départ du centre-midi.
M. Bufour part le 7 courant pour le haut-Mauco pour la mise en route des deux nouveaux fours de carbonisation.

Marseille
Le chantier de la gare du Canet, épargné par les Allemands, a été endommagé par l'explosion d'un train de munitions.
Activité charbonnière à peu près nulle. Le service "Consignations" participe, en pool avec tous les agents-consignataires marseillais, et sous une forme d'ailleurs très réduite, à l'agence des navires britanniques contrôlés par le War Transport Office. Les Américains écartent tout concours français. M. Hall, directeur de l'agence de Toulon, avait été choisi comme correspondant du WTO et l'importance du trafic dans ce port nous avait amenés à y reconstituer complètement notre succursale pour démarrer le 1er novembre. Aux dernières nouvelles les opérations à Toulon vont enregistrer une diminution considérable et seul M. Hall y représentera le WTO.

Principales filiales

A Paris, la SACC est au point mort depuis trois mois. Les camions sont utilisés aux transports de ravitaillement ce qui couvre une partie des frais généraux. Une légère reprise se manifeste cette semaine par l'annonce de deux wagons de charbon, mais les perspectives de distribution aux foyers domestiques, en dehors de quelques besoins prioritaires, demeurent éloignées.
A Toulon, la CCP réussit à maintenir une certaine activité par des livraisons de charbons en stock et de bois.

Situation générale

La production charbonnière française demeure très déficitaire et se situe, selon les bassins, entre 1/3 (Nord et Pas-de-Calais) et 2/3 de la normale. Causes principales : manque de bois de mines, mauvais rendement des ouvriers, désorganisation des cadres et de la direction. Le facteur transports interviendrait sans doute si la production s'accroissait, bien que la voie d'eau soit prochainement utilisable entre le Nord et Paris.
L'importation n'a pas encore repris, en dehors d'une ou deux petites cargaisons épisodiques. On espère un démarrage en novembre, sur une très faible échelle et l'organisation mise sur pied par les Pouvoirs publics pour la durée des hostilités est la suivante.
Les achats à l'étranger sont faits, dans le cadre d'un programme établi par le GQG interallié, par une mission d'achats. Les charbons sont pris en charge et acheminés sur les ports français, comme tous les autres produits, par le service des importations et importations, rattaché au ministère des Finances. Les charbons devraient être pris en charge, à partir de cif port français, par un service dépendant du ministère de la Production, mais ce dernier a admis d'utiliser l'organisme professionnel prévu dans le Plan d'organisation de l'importation charbonnière : l'Association technique de l'importation charbonnière (ATIC). Toutefois, les achats étant faits par le gouvernement cet organisme verra son rôle momentanément limité à la représentation des véritables parties-prenantes (importateurs-consommateurs, importateurs-revendeurs groupés dans les GPIR) vis-à-vis des Pouvoirs publics, à la centralisation des paiements, à la liaison avec les services de répartition et au contrôle des réceptions.
Comme nous l'avions suggéré, l'ATIC sera présidée par un représentant de l'État (M. Thibault). Son conseil d'administration devait être composé des membres de la Conférence des importations charbonnières : MM. Santini, Dupendant, Guillemin, Bureau (consommateurs), Auberger, Fossorier, Perdrieux, Vignet (revendeurs). M. Blum-Picard, secrétaire général à la production, ayant mis un veto sur les 5 derniers noms, M. Bureau sera remplacé par M. Crespon et les importateurs-revendeurs représentés par MM. Bucherer, Vieljeux (maritimes), Balland, Frange (terrestres) auxquels M. Brizay sera adjoint pour représenter spécialement la petite et moyenne importation. Le siège de l'ATIC sera jusqu'à nouvel ordre 66, rue de Monceau et M. Thibault manifeste l'intention de s'appuyer largement sur les organisations professionnelles.
Le Comité d'organisation de l'importation charbonnière va subir les modifications exigées par les nouvelles dispositions légales, c'est-à-dire sera géré par un commissaire provisoire. La candidature de M. Raspail a été agréée par M. Blum-Picard pour ce poste, sa nomination n'est pas encore officielle. Il serait secondé par M. Galerneau comme délégué-général. Il est possible que l'équipe Raspail-Galerneau prenne en charge également le CO du commerce charbonnier.
Tourbière de Brière. Des nouvelles viennent d'être reçues :
- une partie du personnel évacuée,
- 7.123 stères sur 17.000 environ produits avaient été vendus localement à fin octobre et payés comptant.
Le siège d'exploitation est intact ; il est entretenu et les ventes continuent par quelques-uns de nos collaborateurs demeurés sur place et qui défendent nos intérêts avec le plus entier dévouement.


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