1944.09.22.Du journal Marburger Zeitung.Article
NB : Cette coupure de presse est conservée dans un recueil classé au 3 juin 1943.
Marbuger Zeitung" de Marburg-Drau
22 septembre 1944
Pourquoi Pucheu fut condamné à mort ?
Le sort de l'ancien ministre de l'Intérieur du gouvernement de Vichy
Un traître qui voulait "toujours en être"
(De notre correspondant à Vichy)
Vichy, le 21 Septembre 1944
Radio-Brazzaville annonce que l'ancien ministre de l'Intérieur du gouvernement de Vichy aurait été condamné à mort à Alger. La condamnation aurait été prononcée par un "tribunal spécial" créé, sur ordre des Anglo-Américains, par le Comité d'Alger, pour juger tous les Français qui ont été au service de Vichy.
Le cas Pucheu est intéressant, en même temps qu'il est riche en enseignements. Pucheu n'était rien moins qu'un ami de l'Allemagne. II était depuis des années au service de la banque Worms, de Paris, dont il était le dirigeant politique. Avant l'armistice il fut nommé directeur général de l'entreprise pour la réforme des industries d'armement financées et lancées par lui. Autrefois déjà le Konzern Worms s'efforçait de gagner, par l'intermédiaire de ses représentants, une influence décisive dans les affaires de l'État ; c'était là un objectif dont l'obtention lui paraît encore plus urgente après la débâcle, parce que, du point de vue juif, on tenait naturellement à liquider l'Allemagne, même après l'armistice.
Après la chute de Laval le 13 décembre 1940, le chemin était ouvert à Vichy, pour les représentants de la banque Worms. Pucheu fut ministre de la Production industrielle et même, sous Darlan, ministre de l'Intérieur. Le plan de Pucheu était d'amener peu à peu la France à un état qui devait permettre aux Anglo-Américains, dans la phase finale, supposée victorieuse, de la guerre, d'engager encore une fois contre l'Allemagne le peuple français et ses ressources disponibles.
Ce dessein parut réussir. Pucheu commit cependant une faute capitale qui ne pouvait lui être pardonnée par nos adversaires. Lorsqu'au début de la guerre à l'Est, le communisme commença à s'agiter en France, Pucheu crût bon d'opposer aux agents soviétiques en France, des moyens policiers énergiques. Il croyait naïvement agir pour les Anglo-Américains en leur réservant pour leur arrivée éventuelle en France, un ordre public normal. Son erreur ne contribua qu'à sa condamnation irrévocable.
Pucheu fut renversé par le retour de Laval et sa nomination comme chef du gouvernement le 18 avril de l'année dernière. Depuis lors il n'aspira plus qu'à se tourner ouvertement de l'autre coté. S'il y avait été bien vu, ce dont il n'a jamais douté un seul moment, il aurait été tenu au courant, en temps voulu, de l'"entreprise Roosevelt" en Afrique du Nord. Cela n'arriva pas. Néanmoins Pucheu voulait en être. La tête basse il passa furtivement de nuit la frontière d'Espagne où il fut arrêté ; le consul de France, un traître appartenant aux Anglo-Américains le fit libérer et envoyer à Lisbonne où l'ambassadeur anglais lui permit de s'envoler pour le Maroc. Pucheu y arriva tout à fait mal à propos et non comme ancien ministre de l'Intérieur de Vichy, mais comme ce qu'il avait toujours été et était resté, comme chef des représentants du Konzern Worms, dont les ambitions étaient connues partout. Mais, entre-temps, au Maroc, la banque Morgan avait acquis la suprématie.
Pucheu fut reçu comme représentant de la concurrence française. Il fut tout de suite interné à Casablanca et transféré plus tard dans la fameuse et misérable prison de Meknès. Après que le Comité d'Alger eut constitué le "tribunal de vengeance" et nommé une "commission d'épuration", Pucheu fut transféré à la prison militaire d'Alger.
II avait ainsi le noeud coulant autour du cou et il ne manquait plus pour le liquider qu'à tirer sur la corde, ce qu'a maintenant fait la première sentence du "Tribunal spécial". En fait, sa condamnation est applaudie de tous : les ploutocrates se réjouissent parce que la concurrence est écartée et les bolchevistes jubilent parce qu'un ploutocrate qui avait précédemment poursuivi les communistes est évincé. Et finalement, d'après l'avis du Comité d'Alger, la mort de Pucheu va peut-être intimider, de ce côté de la Méditerranée comme de l'autre, les partisans de Vichy ; espoir enfantin qui domine toujours la stratégie de nos adversaires.
Une chose aurait pu sauver Pucheu : qu'il soit juif. Il aurait pu alors, sans aucun doute, passer facilement à un trust anglo-américain. Mais tel qu'il était, un vrai Français au service des Juifs, il ne pouvait avoir aucun espoir.