1897.12.15.De Paul Rouyer - Worms et Cie Buenos Aires.Original

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Worms & Cie

402, Corrientes
Buenos Aires, 15 décembre 1897
MM. Worms & Cie
Paris

Chers Messieurs et amis,
Je commence par vous remercier de votre télégramme du 12 courant et notamment pour les deux premiers mots qui m'ont tranquillisé (après toutefois m'avoir causé une vive inquiétude parce que le mot "[desense]" avait été mal transmis et que j'en cherchais la signification à "duty" au lieu de "doing"). Le pli portant la procuration de Moore devra arriver ici le jour même de mon départ projeté, c'est-à-dire le 31 courant, si rien ne vient se mettre à la traverse. Si le pli est à mon adresse, j'autoriserai Moore à l'ouvrir et tout sera dit, car, à moins que le vapeur qui apporte le pli ne fasse une traversée exceptionnelle, le courrier ne sera distribué ici qu'après le départ du paquebot des Messageries que je compte prendre, et ce serait un peu trop d'attendre une autre quinzaine pour ouvrir moi-même ce pli.
Je vous ai répondu avant-hier par quatre mots ajoutés à la dépêche qui vous demandait un chargement de Cardiff - December, January Shipment.
Ces quatre mots vous disaient en substance que M. Le Mon ne fait plus partie du personnel de votre maison et d'autre part que je ne voyais aucun arrangement possible avec M. Bastien.
Ce dernier, par ses commentaires au-dehors depuis juillet dernier a rendu tout rapprochement impossible entre lui et M. Lewis, et, comme, en bon français, je ne vois pas le moyen de nous passer de ce dernier, en ce moment tout au moins, cela règle la question. D'autre part, je ne vois pas que M. Bastien ait laissé dans la comptabilité la marque d'une grande capacité d'organisation et que nous lui devions réellement une reconnaissance bien grande. Rappelez-vous ce que Moore a écrit par Mayer dès le début. M. Bastien ne s'est en somme découvert que lorsqu'il a vu que les choses tournaient contre son intérêt personnel. Je ne lui en crois pas moins un fond de réelle honnêteté ; c'est un travailleur : il pourrait être utile en sous-ordre, mais c'est tout.
Dans ma lettre précédente, je vous disais que l'entente que nous avions ébauchée se trouvait bloquée par le fait de l'obstination de M. Harley, représentant de MM. Wilson.
J'avais cependant eu le meilleur espoir, et après avoir empêché M. Harley d'une part, et M. de Boisduval de l'autre de donner cours à leurs mauvaises humeurs réciproques qui compromettaient l'arrangement, j'avais réussi à obtenir de M. Harley que l'agreement dont nous vous envoyons copie aujourd'hui serait tenu par lui comme par nous jusqu'au 31 mars, ce qui permettait d'en faire un essai sérieux, et en même temps vous permettait, à vous et aux "principals" de Londres, de vous mettre d'accord sur l'opportunité d'étendre au "inland business", l'entente amicale que vous avez pour les bunkering business. Cette promesse de M. Harley était donnée le 6 courant : le 7 nous appelions A. Boyd ainsi que Risso à prendre part à l'agreement. Le dernier a consenti sans grande discussion ; Boyd a maintenu la nécessité de ne consentir aucun contrat annuel si ce n'est avec une augmentation de 50 cents soit 2/ au-dessous des prix sur lesquels l'accord actuel se faisait.
De plus, je suppose que Boyd, un peu vexé de m'avoir été appelé à discuter qu'en seconde ligne (ce qui a été une faute de la part des trois maisons) n'a pas voulu tout avaler à première vue.
Il a déclaré qu'il lui était nécessaire d'en référer à ses nouveaux "principals" (que nous ne connaissons pas encore) et depuis lors nous n'avons pu savoir autre chose que ce-ci : « The said principals have it under consideration ».
Cette action de Boyd a donné une échappatoire à M. Harley qui a aussi télégraphié et m'a fait savoir le lendemain, 8 courant, par une lettre personnelle qu'il était fort heureux d'avoir ainsi télégraphié, vu que la réponse de Wilson le confirmait dans l'idée qu'il avait : 1. - de faire des contrats à l'année ; 2 - de consentir des conditions spéciales à ceux qu'il considère comme ses clients.
En même temps, M. Harley m'exprimait le désir qu'on arrivât quand même à une entente sur les prix et m'affirmant son désir de ne pas entamer des hostilités, me disait que pour prouver son bon vouloir, il s'abstiendrait de soumissionner pour les 18.000 tonnes Cardiff demandées par les Obras de Salubridad.
Cette soumission doit être présentée aujourd'hui et nous espérons en avoir notre part.
Quand cette question sera réglée, il nous faudra prendre une détermination sur les prix à coter suivant l'importance de la clientèle et aussi suivant la durée de livraison, leur époque.
Il est évident que les Wilson ont en vue de tirer tout le parti possible de leurs achats de la Carbonera, mais, si j'en crois ce qu'on me dit, ils pourront avoir plus d'une désillusion. Il leur faudra compter avec les influences politiques pour le maintien de leur concession, et ils apprendront comme nous à leurs dépens quel fond on peut faire sur les engagements pris par les clients lorsqu'il convient à ceux-ci de les éluder.
J'ai trouvé ce matin en arrivant au bureau votre dépêche avisant l'affrètement de "[Bessatail]" à 11/, December shipment, ce qui sera au mieux s'il peut y avoir huit jours de différence entre lui et le "[Rapner]", seul affrété pour départ ce mois-ci.
Dès que nous serons fixés sur l'adjudication Obras, nous verrons ce qu'il faudra vous télégraphier pour les affrètements à faire suivre.
Votre bien cordialement dévoué,


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